Sa présence en exergue à l’entrée du livre le sentiment qu’en regard nous nous comprenons elle si grande toi minuscule une question d’échelle et de là où elle donne immobile toutes les indications , le sentiment de la voir inversée en fermant les yeux comme tu vois le dessin déroulé de la montagne à l’encre, comme les trois vers de Qing-Deng placés à l’orée de ton livre , le sentiment que les trois phrases contiennent le mystère-même Voir la montagne/ Ne plus voir la montagne/Revoir la montagne, avoir placé le livre sous le signe d’une citation, la montagne elle-même est citation d’espace-temps, le sentiment de ce qu’il faut gravir pour retrouver l’empreinte enfouie hier il y a des millions d’années la tectonique des plaques est à l’intérieur surrection écriture des roches métamorphiques et fossiles projetés dans les hauteurs où ils attendent qu’on les reconnaisse, le sentiment des retrouvailles imminentes celles qui font corps montagne écrire, le sentiment qu’elle attend son heure là où toutes les pages ont sédimenté roches feuilletées du fond devenu altitude on y est presque, le sentiment qu’on peut toucher le sommet à partir du dernier soupir, le sentiment qu’elle est proche parce qu’il l’a sculptée et dessinée de tout part en la regardant en la cherchant en s’éloignant d’elle, le sentiment du soulèvement qui traverse le temps des milliards de jours suspendus dans l’instant de l’insurrection silencieuse en strates vivantes à partir du pinceau d’écriture, le sentiment des versants cristallisés dans l’apparence et tout y travaille tout est gravitation, sentiment de la cime aiguë comme projection de ce qui était en dessous le socle de feu du volcan devenu montagne avant le réveil, le sentiment d’une montagne si proche d’elle-même et de toi qu’elle envahit les trois temps, Voir Ne plus voir Revoir