le sentiment d’un retour, revenir, d’un glissement sur la mer, les même lignes découpées, les mêmes villages endormis, les mêmes nuages réconciliés, un fil tendu entre le corps et la côte, un retour, un appel, le sentiment de l’air, du maquis, d’une odeur d’enfance, de l’ancrage, s’arrimer, le sentiment d’un mouvement familier, d’un recommencement, on pourrait dérouler ici un même paysage, même si l’espace s’est déplacé, on le sait en posant le pied sur le quai, en traversant la place, en marchant dans une rue soudain plus étroite, la nécessité du retour, du rapprochement, accueillir la nostalgie qui transperce, puis se fait caresse, traverser les ruelles, entre les murs la mémoire, le sentiment d’attachement, d’un lieu aimé, d’être à sa place, d’appartenir, d’un ailleurs retrouvé, d’un monde qu’on réinvente dans ce déplacement, dans ce paysage l’origine, se coller une part d’enfance, il suffirait de saisir la tendresse, le sentiment d’une pensée qu’on ravive, d’abord clandestine, fuyante, on ne peut pas l’éviter, elle s’étale, s’épaissit, c’est un envoûtement, le retour de la lumière, le retour des arbres, le retour des pierres, des feux, des sources, presque une vérité, des souvenirs qui s’ajustent, comme une photographie dont on aurait oublié l’existence qui remettrait à leur place les détails, les robes noires, la mer, un rituel, faire ressurgir le sentiment d’une présence, d’un temps arrêté, d’un corps enveloppant, d’un amour inconditionnel, d’un soleil trop chaud, d’un éclat de voix, d’une pièce manquante
si juste « des souvenirs qui s’ajustent, comme une photographie dont on aurait oublié l’existence »