Le sentiment
On a ouvert la fenêtre en grand : c’est une nuit claire sans lune et des étoiles à peine. Nuit d’une ville traversée de lueurs : qui peut dormir dans cette chaleur elle étouffe et le corps couché à même le sol sue… des voix arrivent avec le bruit des choses (un ballon heurte un container, c’est un corps qui tombe, c’est un rire) bruits de vies et de choses dans l’instant. Et le sentiment de l’été dans une ville, le sentiment de cette ville, le sentiment d’autres villes dans la nuit de cette ville, d’ici et d’hier revenus confondus : le sentiment du temps. Tipazza dans la torpeur du jour et c’est la nuit. Le sentiment de l’été et de la nuit et de la ville dans la lumière du jour entre les pages d’un livre. Le sentiment de la nuit dans le jour aveuglant d’un souvenir qui ne t’appartient pas.. Si c’est une aporie ? c’est comme le début d’un poème… Et cette voix qui surgit et elle harponne la nuit : le sentiment de la violence dans la nuit d’une ville… d’une fenêtre haute loin : un cri. Le sentiment de la douleur et celui d’autre chose. Le sentiment de la mort dans ce cri. Le sentiment de la vie dans la nuit d’été. Le cri de cet enfant qui naît.
Le sentiment
…. pas une intuition, (même si ?) une perception? Un « Obscur pressentiment » disait le vieil anglais qui faisait du théâtre : est-ce que ça partirait de l’obscur ? Le sentiment que ce n’est pas l’obscur ni la lumière d’une intime certitude. Le sentiment de… comme être là ici maintenant devant et c’est instable et c’est diffus. Le sentiment de la présence comme toucher l’origine? « Non ce n’est pas ça », elle écrit, Non ce n’est pas , Non : ça. Le sentiment qui n’est pas une intuition, ni un pressentiment, ni l’obscur, ni la lumière. Le sentiment d’être ce caillou sur le chemin comme être au monde et conjointement ne pas y être. Le sentiment… le sentiment de l’absence et de la présence, la belle incohérence. Le sentiment se tait au risque de disparaitre. Le sentiment se garde des commentaires. Le sentiment de l’absence et le ciel est bleu sous les arbres, le sentiment de l’absence et enlacer l’eau d’une rivière pour se vêtir et il pleut, le sentiment de la poussière dans l’atelier désert, le sentiment de lui dans le carnet fermé, le sentiment de la solitude et ce n’est pas triste c’est la théière posée sur la table à côté du chargeur et de la figurine Play-mobil ( tu me la rapportes), le sentiment du verre avec les dents de secours immergées à côté du lit sous la lampe, le sentiment qu’il sourit dans le vide énorme de sa bouche, et dehors le vent, le sentiment de la lumière dans les embus du carreau, le sentiment de sa vie dans la paire de souliers restée sur le carrelage en damier, le sentiment de l’absolu dans le détail, le sentiment du hérisson que les vers dévorent à vif, le sentiment du caillou, le sentiment du chat réduit en cendre ou le sentiment de l’arbre qui a perdu une branche hier dans la tempête … le sentiment du bleu sur la palette, le sentiment de son impuissance à te dire, le sentiment de l’oubli dans sa voix …
Le sentiment
ce qui appelle qui est mutique. Le sentiment de la flaque sur le caillebotis du jardin, ou cette ombre dans tes yeux? Le sentiment de l’indicible et pouvoir commencer… à finir
J’aime qu’un diaporama de sources de sentiments soit proposé, et puis qu’enfin on se plonge dans l’une d’elles (et qu’entre-temps l’on s’interroge sur le ressort de cela)
Merci Christophe (c’est une drôle d’aventure) « Diaporama de sources » merci