cet après-midi vers 17h, j’eus le sentiment d’être indigné, j’en suis resté immobile, sans y croire, c’est venu – c’est passé, comme le froid dans la dent au milieu du repas, cri dans la nuit qu’on croit avoir entendu sans être sûr, qu’on essaye encore d’attraper dans le silence en se préparant à fuir si jamais il revenait mais rien, n’a rien laissé derrière lui le sentiment, disparu presque aussitôt, sans laisser de trace ni sensation, sans laisser de mots pour le décrire, son idée juste, à peine son souvenir, j’ai vaguement eu, j’ai vaguement le souvenir d’avoir eu, se souvenir de la vague, le temps d’une seconde ou deux, le sentiment d’être indigné, je le dis au passé simple, vers 17h j’eus le sentiment de, ayant le simple sentiment de voir passer le sentiment, le simple sentiment, sans se muer en colère, sans faire claquer de porte, à peine de quoi pousser un cri ou d’étrangler sa voix, un fugace courant d’air, comme toute son espèce, indolore sans aucune espèce d’importance, à peine quelques secondes d’existence, ça ne compte pas, c’est comme s’entendre écouter, c’est une idée qui flotte sans exister, il ne tient pas au corps, il ne tient pas à grand chose, il ne tient qu’à un fil et c’est son problème à lui, au sentiment, de ne rien habiter, de ne tenir à rien, de ne rien retenir et c’est mon problème à moi, ruminant mon cœur vide sans lui, sans rien d’autre que la promesse qu’il m’a faite en passant, vers 17h, j’eus le sentiment d’être indigné, puis rien.