Le sentiment de la marée, le va et vient de l’eau, marée montante puis descendante, l’eau commence par monter puis par redescendre, ou l’inverse, se retirer puis revenir, les vagues balancent, plus petit, plus rapide, il faut observer longtemps pour réaliser le sentiment de la marée, les vagues s’enroulent, pour mourir sur le sable, remonter et partir, emporter les coquillages, très loin, la marée se gonfle enfle, va dévorer le sable, au large l’horizon impassible forme une ligne bleue entre le ciel bleu et l’eau bleue, deux bleus différents, pour former une ligne immobile, tout près l’eau clapote, l’écume brasse les vagues, vient lécher les pieds nus, marcher sur la plage, aller-retour, s’enrouler, aller, venir, prendre le temps d’observer la marée à la descente, au départ, la plage immense, mouillée, tout au bord par les vagues, tempo rapide, enfoncer les pieds nus dans le sable humide, les chevilles disparues sous l’écume, un pas après l’autre, le sentiment du promeneur sur la plage, le battement des vagues, métronome inépuisable, répétitif, rodé, rythmé, balancier réglé sur le sentiment de la marée, ou celui des vagues, cela dépend, remonter, au retour, les traces des pieds sur le sable avalées par l’eau, les coquillages nacrés disparus sous l’écume, l’immobilité de l’horizon, rectiligne, pas un bruit, dans les conques spiralées des coquilles, le ronflement des vagues, à l’intérieur.