Bon alors je commence par une question sur la ponctuation. C'est quoi bon sang ce truc, la ponctuation ? C'est comme si d'un seul coup on redécouvre un mot. Et comme quoi ça travaille ces exercices, voilà, j'arrive soudain au corps ( celui du texte peut-être, enfin derrière tout ça, ces silences le corps de quelque chose, mon corps ?) c'est cash, juste corrigé quelques fautes, j'ai essayé de fatiguer ce qui arrivait au fur et à mesure :
Il y a desgenstrèsbiensquipeuventvivresansponctuationlesgrecsparexempleavantqu’ilsnesamusentàséparerlesmotsgraceauxblancs.
Par exemple.
Ensuite à quoi ça sert de ponctuer, y a-t-il encore suffisamment de typographes, d’éditeurs, qui s’en soucient puisque ce sont eux au final qui ponctuent à la place des auteurs. Nous serions dépossédés du pouvoir de ponctuer vraiment comme de tout pouvoir de pondération ? L’auteur devenu quantité négligeable dans le grand univers des rotatives ? Il faut parfois lui flanquer un point sur le i, une barre au t et bien d’autres petits signes caractéristiques et autres pattes de mouches, et des virgules, et des points virgules et encore, quand ce ne sont pas ceux d’interrogation ou d’exclamation ! De plus en manière de ponctuation il semble que chacun désormais n’en fasse plus qu’à sa tête, ou à sa guise- c’est devenu semblable- que tout le monde à part les experts, les aficionados de ce code ésotérique voire hermétique- jugulaire jugulaire- s’en foute. Ceci dit on peut tout de même en parler, un peu, de la ponctuation comme de la pondération, du poids des mots, sans le choc forcément des photos, des images, du paraitre. S’en parler à soi-même déjà, faire le point sur la ponctuation. Tu ne sais pas ponctuer pas plus que pondérer tes propos, c’est un fait désormais avéré. Tu es excessif en quasiment tout, surtout en mauvaise foi, ou alors le contraire d’un seul coup. Gouffres et sommets depuis toujours et il en sera probablement ainsi jusqu’à la fin des fins. La ponctuation est-t ’elle en relation avec la pondération ? C’est drôle que ça vienne soudain s’inscrire ainsi en tous cas, si tu ne l’avais pas écrit tu n’y aurais pas pensé. Une écriture pondérée bien ponctuée claire compréhensible par le plus grand nombre. Servile Ou qui se moque de la pondération de la clarté de la ponctuation comme du monde dans son ensemble Une écriture de pitre pitoyable ou de génie quelle importance de se soucier de l’intersection-mauvais génie, mauvais daemon- Une écriture qui ne tient compte que de sa propre règle qui s’invente au fur et à mesure au fil de l’eau. Reprends ça, ne lâche pas l’affaire, tu tiens surement quelque chose, il faut juste fatiguer les doigts, sentir le corps au-delà de toutes ces foutaises-ton corps- Au-delà de la ponctuation au-delà de la pondération au-delà de la compréhension au-delà de tous les silences-mon corps-sans majuscule tout minuscule comme il se doit au-delà des silences mon corps… que dire sur le corps qui ne soit pas encore un discours vide, un discours pour discourir, un discours sans substance véritable, un discours à coté de la plaque, que dire pour retrouver le corps lui laisser la parole ou -un vrai silence ? – Rien. Il ne faut surtout pas t’en mêler. Attendre ne pas se presser écouter lire relire se relire observer comment il réagit à toutes ces choses que tu mets en place pour lui couper la parole, pour le bâillonner tous ces obstacles tous ces silences toutes ces pensées tous ces rêves tous ces cauchemars tous ces désirs toutes ces frustrations toutes ces opinions tous ces sentiments oui ce sont bien des silences terrifiants qu’ainsi tu opposes à un autre silence ton corps et toi un dialogue de muets à moins que ça ne soliloque mais qui parle ici en nos noms ? l’égocentrique, le narcissique, l’enfant, l’adolescent, le vieux, l’âme, l’esprit, la prétention, l’orgueil, la tristesse, le malheur, la souffrance d’être ainsi dissocié du monde comme dissocié de mon corps cet inconnu. Car quelque soit ce que tu veux penser comme corps tu ne fais jamais que de le penser sans plus rien sentir. Comme si toute la journée moi et mon corps tel que moi l’imagine comme si tout cela n’était qu’une suite de silences empilés chaque jour jour après jour comme des briques pour fabriquer un mur un mur entre moi et moi entre mon corps et mon corps entre le mot et l’objet le mot et le sujet ce qui au bout du compte-pense-tu- veux-tu-rêve-tu-te ments-tu ? -fera disparaitre tout sujet pour de bon. Une vie imaginaire VS une vie réelle un jeu de ping-pong la mort gagne c’est elle qui remporte le pompon Une vie dans laquelle la joie comme la souffrance ne sont plus que des données pour alimenter l’avatar, une existence parallèle, virtuelle. Cette possibilité existe de passer toute une vie à coté de mon corps de ne pas le voir de le mépriser d’en être si déçu (surtout à partir de la cinquantaine) mais de quel corps parle-tu encore que tu ne sache rien ou tout. Tu t’imagines c’est plus fort que toi mais à la fin c’est le corps qui gagne quand il te lâche. Quand il se lâche lui-même Il te lâche déjà celui que tu nommais mon corps et qui ne fut qu’enveloppe vide, courrier mal adressé, courrier qui ne s’adresse à personne dont l’expéditeur n’est personne également, retour à l’envoyeur. Il est tout à fait possible de passer à coté de cette réalité une vie entière en s’illusionnant, en se créant un corps à son propre corps défendant en même temps qu’une mauvaise foi en cette réalité. Et si tu commences à t’interroger ce matin sur la ponctuation sur la pondération sur le poids des choses est-ce que tu ne te sens pas proche soudain d’évoquer un autre poids celui dont tu évites de peser l’existence, mon corps ? A qui appartient-il vraiment ce corps si tu lui retires tout ce qu’il n’est pas ne sera jamais et encore faut-il utiliser le bon verbe, la bonne ponctuation, pour se poser les bonnes questions, celles surtout qui ne demandent pas de réponse. A qui est le corps ? cela revient au même. Avoir, appartenir, posséder, tous ces termes si détestables, qui sont devenus tellement détestables avec le temps. Mon corps et le temps, mon corps et mon temps, deux illusions. Tu te compliques tellement la vie pour ne pas voir que tu es un corps avant d’être ce que tu crois être, penser, parler, faire, vivre. Tu t’inventes sans relâche quantité de mensonges pour ne pas voir- en face- la matière dont tu es constitué. Tu crées des profils, des avatars, des personnages, et même des auteurs, chaque jour différents, pour fuir la réalité de mon corps la réalité de ma mort, la fatalité l’inéluctabilité qu’entraine aussitôt ces deux mots corps et mort. Dans le vaste ciel plane effectue des spirales le cormoran. Pâques est passé et rien, pas de renaissance cette fois, pas d’illusion, pas d’espoir, pas de simagrée , pas d’entourloupette, peut-être que finalement tu te rapproches du corps, tu deviens un peu plus chaque jour mon corps, tu es le corps comme tu es la mort sauf que la vie attendue (en échange comme dans tout bon deal) ne vient pas cette fois. Tu coules à pic dans ce corps à corps , dans l’abîme de l’insignifiance des idées, des pensées, et cette fois le ridicule ne te sauvera pas. Tu ne pourras pas te cacher derrière le ridicule, l’éprouver avec délice comme s’il s’agissait de renaître grâce à lui, comme après chaque trempe qui te laisse au sol quelques jours quelques mois mais dont tu as pris le pli de toujours te relever, marche ou crève, mon corps encore , il a toujours été là avec lui-même, si seul avec lui seul, mon corps. Quelques intersections avec le corps d’autrui n’ont jamais permis l’oubli vraiment. Sauf ces vertiges délicieux et effroyables qu’offrent toute intersection tout croisement, tout carrefour, le choix d’une route comme d’un corps à prendre. Déplacement du corps, s’asseoir s’allonger, se remettre debout marcher encore, apprendre ainsi le pas, la cadence, arpenter. Partir de la ponctuation et parvenir soudain à cet exercice d’écriture ne te fait pas ciller mon corps, plus à présent. Dans grand le flux général les prétextes comme les vérités l’insignifiant comme l’important l’utile et l’inutile semblent enfin ( à jamais ? ) gommés si enfin mon corps me pardonne mon corps se pardonne mon corps bouge mon corps danse mon corps jouit mon corps se gave, mon corps s’illumine mon corps lévite mon corps dans le temps qui lui reste avant de s’effondrer en cendres en poussière avant d’être emporté sous terre ou aux quatre vents ou sur la mer ou dans l’azur ou mangé ou avalé sans y penser ou mon corps et moi amis enfin dans l’heure de tous les renoncements ; récupèrerons l’espoir fou d’être voué au Grand Corps, celui qui ne sera pas pensé unique, mais sidéral grand uni vers, déesse Mère Papa Père, enfin bref tout ce qui restera derrière, derrière les silences mon grand corps à l’aise pour se détendre enfin se dilater à l’infini le repos sans virgule ni point ni pondération ni ponctuation