Je ne peins pas l’arbre je peins le sentiment de l’arbre ( l’arbre de Matisse).
L’arbre de Mondrian. De Durer. L’arbre de Kahlo. De Penone. L’arbre de Wyeth.
Le sentiment de la lumière dans le cerisier peint.
…et s’écarquiller pour voir entendre : mais rien ; se tromper sciemment, gagner une seconde sur…; la matité cireuse, le creux sous la paupière, la lèvre en dedans ; le sentiment de penché et de l’eau sur le bois couleur miel et le coussin de fleurs pour être jetées ; les cheveux en catogan du porteur tiré à la courte paille avec la musique battante et le parapluie crevé
… avant avant-hier j’attendais (entre 14h et 17h disait le SMS), j’attendais rien mais Darty. Le sentiment de l’eau qui stagne et dehors la pluie, le rêve d’inondation de la veille : je me lève j’ouvre la machine il y a une marre, des lambeaux de papiers flottent, ce sont les étiquette des pots de verre qui s’émiettent ( tu fais quoi avec tous ces pots ?) : l’eau stagnante , un rêve prémonitoire. Ma mère dit que je suis medium, c’est ma mère : tu pourrais ouvrir un cabinet elle dit — à 14H20 je reçois un mail de Darty : le 116 bis n’existe pas mon adresse n’existe pas TOUS LES NUMERO NON ATTRIBUE CLIENT DOIT NOUS DONN … écrit Darty (pourtant le chien de la voisine a aboyé et j’ai reçu un colis) ; après cinq appels j’ai un autre rendez-vous je reçois un SMS de confirmation: mardi 26 avril entre 8H et 13H. Le 26 est un mercredi je ne suis pas médium c’est le calendrier qui le dit
… le sentiment que le bouchon d’essence perdu — elle l’a oublié à la pompe (il n’a plus d’attache), elle ne conduit pas mais elle aime remplir le réservoir—; le sentiment que le bouchon perdu est devenu aussi gros que le hérisson factice très réaliste qu’elle a ramené de chez lui et posé devant sa porte — parce que Boubou le vrai il doit être mort. Si le hérisson se montre le jour c’est qu’il va mourir : on voyait les vers sur ses pattes et les vers autour de son museau. Les vers mangent les hérissons vivant sinon ce sont les voitures qui les écrasent…
Pour le sentiment de ces arbres des peintres, merci Nathalie Holt. Merci tout particulièrement pour Andrew Wyeth. Et merci — un peu apeuré— de toutes ces craintes dans les paysages du quotidien. Bravo enfin car à présent je tremble encore plus quand je croise un hérisson avant la tombée du jour.
Merci Ugo. ( Wyeth a dessiné et peint les souches, les arbres, les fissures des murs … les choses autour de lui dans la ferme, aquarelles et gouaches . C’est comme une prise de notes avec des détails très travaillés et des vides, le blanc de la feuille un inachèvement qui concourt à la présence de ces choses, un inachèvement essentiel que ne peut pas la photographie : a-t-il peint le sentiment des choses ? )