JOUR#1
Théière, métal argenté, reflets doux, estompés. Bateau anglais, teapot. Ouessant, Paul le brocanteur, anglais lui aussi. Des trous dans l’anse pour ne pas se brûler. Sept petits trous de chaque côté, quatorze en tout. Stable, verticale, lourde, pour affronter la houle, le tangage. petite boule sur le couvercle, délicate, sphérique, douce à caresser. Le thé y reste chaud. Reflet déformé, traces de coups, chocs accumulés. Quels voyages as-tu faits ? Quelles images as-tu reflétées ?
JOUR#2
Reflets doux du métal argenté, sur un bateau anglais, sur l’île, sur ma table, teapot. Sept petits trous de chaque côté, quatorze en tout, en quinconce. Stable et verticale dans la houle, impacts, chutes, chocs. Une sphère délicate, douce à caresser, parfaite, tout en haut, je m’y reflète. As-tu gardé trace des mers traversées ?
JOUR#3
Reflets flous du métal argenté. Reflet de la page, de ma main qui écrit « Reflets flous du métal argenté. Reflet de la page, de ma main qui écrit « Reflets flous du métal argenté…
Là où j’écris les goélands parisiens pleurent ses voyages. Un bateau. Anglais. Sur quelles mers ? Teapot, verticale dans la houle, ô capitaine. Bien des années plus tard enfouie dans l’antre de Paul, sur l’île du bout du monde. Achetée par amour et ramenée au nid, ici posée sur la table aubergine sur un toit de Paris. Et sept petits trous. Sept de chaque côté, quatorze en tout. Pour ne pas se brûler.
JOUR#4
Sept petits trous. Sept de chaque côté, quatorze en tout. C’est par là que les histoires s’introduisent, entrent et se sédimentent. Toutes les histoires, le bateau anglais, les mers traversées, les tempêtes, ô capitaine, et le port, Sheffield, 2 pints, et Paul, le brocanteur, et l’île du bout du monde, et le nid, et l’absence. Par amour, verticale dans la houle, chute, choc, impact. Mes mots à l’infini s’y reflètent, s’y répètent, dans un bateau, reflète tombe à l’eau.
JOUR#5
La sphère parfaite englobe le monde, et moi dedans, déformée, argentée, verticale dans la houle. Tant de mers traversées, par amour, tant d’histoires déposées, tant de tempêtes, ô capitaine, choc, chute, absence. Et sept petits trous, sept de chaque côté, quatorze en tout, à caresser sans se brûler.
Délicieux texte en 5 versions, tout en délicatesse. En si peu de mots tout est dit. Et on part en voyage comme en histoires. Merci.
Merci beaucoup anne pour votre message!
Merveilleuse teapot, dont j’ai aimé le texte, tout en reflets et en petits trous, et la photo sur le groupe Facebook.
Merci Fil !