tas petit tas de poussière de gris cendre et descendre au cimetière tas petit tas de cailloux de pierre sur pierre en brouette tas petit tas de prières à genoux dans la terre petit tas de pétales rose fleurs ou de feuilles vert chou tas de camélia chiffonnés de pensées de géranium de cyclamen sous cellophane sans odeurs tas de jonquilles de perce neige de camélia de chrysanthèmes — oui Christian l’a aimé brodez c’est le thème— tas de Madeleine de Constantine de Marie Louise ou d’Albertine disparues tas petit tas de Marcel d’ André de Louis ou de Maurice « familles je vous hais » jeunes voix mortes pour la grande guerre tas de vieux morts qui ont vu tas de morts qui ont su qui sans yeux avec dents et quelques mèches tas de médailles militaire de montre du grand père tas petit tas de chaussures très cirées et d’os de rouille tas petit tas de vieilles racornies en chapeau et chapelet vertuchou tout en noir et bas de contention Vertubleu quand le fossoyeur ratisse et siffle tas petit de tas de perles en couronne tas petit tas de bris de verre de céramiques et chapelure d’os tas petit tas de pots de terre en pots de fer fendus tas petit tas de cœur brisés et d’angelo dorés à la feuille ou blanc bidet tas de rien même d’ordures ménagères petit tas de larmes et sous la parure ça sent le sapin tas de larves sous le grand parapluie même un crapaud une reinette cette pomme de pin sous le cyprès où git l’oncle tant aimé feu d’aimée toute à toi c’est gravé tas de famille de générations en générations tas de secrets tus et très sus tas petits tas de curés tas petit tas de mesquineries et d’amours illégitimes tas petit tas de patronymes même latins au burin tas petit petits tas de mandibules de crânes petit tas d’enfants morts en naissant de mères qui ont perdu les eaux trop tôt pauvres gosses morts de soif tas petits tas de croix de bois ciment fer qui mens ne passe pas l’hiver tas petit tas de mars en mercredi des cendre et descendre au calvaire qui fait face à la mer tas petit tas d’étoile décousues tas d’ alliances et de bijoux de famine à rebours des fosses tout mélangé tas de sous sol en attendant personne tas de wagons perdus dans la nuit un ver luit tas petit tas de kaddish une bougie dans une boite en fer c’est l’automne tas petit tas sans origine tas de souvenirs tirés à pile ou face tas petit tas d’apories « Alas poor Yorick » tas petit tas de peurs tas petit tas sans dessus dessous et ce goût de sang quand tu cours à midi vers le four tas petit tas de mûres dans ta paume c’est pas sûr tas petit tas de leurres sans ordre de grandeur tas petit tas de plumes dans la boite à biscuit et rognures et peau morte de chagrin un moineau pattes en l’air à pas d’heure tas petit tas il pleure
Emballée par tes tas et petits tas..la quasi absence de ponctuation rend l’accumulation très réussie et agréable à lire…on est embarqué.
La reprise de l’expression rend palpable l’accumulation. Je crois que ça correspond bien à l’idée de « fatiguer » le texte (sans fatiguer le lecteur – au contraire). Ça résonne à la lecture, on a envie de participer de trouver d’autres « petits tas »..
Beau travail.
C’est beau et émouvant… Tout à fait d’accord avec Christian, on aurait envie de participer.
ça part ça circule on sait toujours où on en est et pourtant on est surpris, ça fonctionne à plein…
bravo, j’adore…
Émue
tas petit tas de pas vers ce texte qui fonctionne joliment à grands pas
Ce que j’aime dans l’absence de ponctuation, c’est l’essoufflement du lecteur, son étouffement parfois. Alors, on doit penser à respirer à contre-rythme du texte et on se laisse envahir par les mots qui dictent leur poétique. Ça marche avec tous ses petits tas et c’est beau.
On apprends sur le tas que ces tas petits tas de mots font du bien a être lu, ces tas petits tas de mots font du bien a être entendu.
Le tas de toute les accumulations, presque métonymique… des tas sur lesquels les yeux serpentent sans s’arrêter.
Petits tas, pour vous, dites vous. Un grand tas d’émotions pour nous. Merci Nathalie Holt de nous mettre, avec une telle subtile force, dans cet et tas.
Marie-Caroline, Christian, Elsa, Françoise, Léa, Louise, Jean-Luc, Océane, Michael, Ugo, merci infiniment pour vos retours et encouragements.
Tas petit tas, quelle rythmique!
Comme lit litanie, musique…
Chère Mireille je cherchais aussi le rythme. Alors si je l’ai un peu trouvé … Merci de ton retour
Beaucoup de délicatesse, j’aime
Beaucoup
Merci Mathilde
tas petits tas de peur et la langue qui vient buter en rythme, joli !
merci Caroiline
Merci, pour ce texte, Nathalie, pour… , non en fait je renonce à citer parce que ce serait le défigurer, ou si alors les deux dernières phrases. Pour une fois l’absence de ponctuation n’a pas gené ma lecture, pourquoi ? parce qu’il y a un fil de tendresse qui lie tous ces petits tas ? (J’envisage d’apprendre par coeur « …tas petits tas de »). Merci.
Comme une petite incantation magique, et la voix qui le pose et l’ouvre, avec la rage un peu, et beaucoup d’autres choses, c’est une réussite,
Merci, j’aime tant ces » tas petits tas » et votre façon de nous les livrer.
Je me joins au choeur pour dire juste : magnifique !
Catherine, Valerie, Beatrice merci beaucoup de vos retours .