#gestes&usages #02 | Mouvements : Taijiquan

De plus en plus il m’apparaissait que je devenais un personnage de Beckett à chaque pas, n’y remarquant rien de particulier, justement, lorsqu’un jour , en revenant du Jardin j’ai trouvé sur la porte cochère un Petit Papier annonçant l’existence d’un nouveau site où « entrer en contact  » avec ceux qui non loin chercheraient à se faire connaitre.
Premier visage qui m’apparut fut celui de qui est devenu depuis dix ans mon Très Cher Maitre de Taijiquan.
Quelques années plus tôt, devant trois cèdres sacrés du Liban, le matin, un Vieux chinois découpe l’espace de ses bras tournoyant, caresse la terre à longs pas mesurés, ondulant, se frappe légèrement le thorax de ses poings fermés.Il déplace autour de lui une nuée de …sagesse ? Qu’est-ce que c’est ? De loin je tentais de l’imiter sans oser l’interrompre jusqu’au jour où il m’aperçut et vint vers moi. Alors commença le long apprentissage du Taijiquan malheureusement suspendu quand disparu ce Sage et retrouvé, approfondit par Piort dont le visage se montra « sur » ce site. Il rit souvent. »Marcher ? dit-il, rappelle toi l’attraction de la terre lorsque pas à pas, petit, tu te propulsais dessus: tu étais toujours un peu penché en arrière sur tes genoux fléchit, rappelle toi le mouvement entier, est ce que tu le perçois plus ? Cesse de tenir trop droit tel bouclier ce buste comme un soldat , écarte les bras, embrasse tout ce Jardin, écoute, respire et imagine tes pieds aussi loin que tu peux les imaginer , bien ancrés solide mais légèrement posés pourtant, et la tête, haute encore plus haute que possible soutenant voute ou ciel ( et comme il est polyglotte il dit quelque cinq mots ou plus pour nommer le ciel à ses élèves de différentes nationalités ) Il lui arrive de se saisir d’un bout de bois pour tracer par terre Ying et Yang , par exemple. Ou comment le Vide pourrait se concevoir par le mouvement….Puis, silence, concentration :
D’abord, tu tournois lentement , puis tu lance ou plutôt balance de droite et de gauche tes bras comme seraient lancé balanciers.

Le Souffle devient progressivement la colonne par laquelle tu te dresse et t’étends dans toutes les directions tendis que – et c’est très difficile d’exprimer par le langage un Art qui le nie – très lentement la marche méditative commence .


A propos de Catherine Veillon-Guilloux

Pratique la lecture, l'écriture, certains arts martiaux et l'art d'être grand-mère.