autobiographies #01 | frontière dans la nuit

L’appartement faisait face à la mer, au niveau du port de plaisance. Baies vitrées sur chantier. Se rejouait peut-être un même paysage, le bleu du ciel, la jetée. Un temps trop court, ou l’absence, tout est flou. Il devait bien pourtant y avoir la mer, l’horizon, l’Elbe déjà. Sa lutte quotidienne contre le sable gris qui passe par les interstices, Continuer la lectureautobiographies #01 | frontière dans la nuit

#L8 | TE CHERCHER

TE CHERCHER tôt le matin quand les étals du marché se remplissent que les poissonniers disposent le corps inerte des poissons luisants sur des lits de glace et d’algues brunes TE CHERCHER avant que trop de monde n’afflue pour se ravitailler TE CHERCHER avant la chaleur étouffante TE CHERCHER dans l’allée des bouchers des volaillers des charcutiers proposant tripes et Continuer la lecture#L8 | TE CHERCHER

#P11 | Le silence est aussi un bruit

Les pas glissent sur les petits carreaux de grès. Leur chuchotis esseulé. Dans la maison endormie, paisible, les babils électriques des appareils électroménagers, ces bourdonnements ténus mais tenaces qu’on n’entend pas dans la journée, inaudibles, il suffit de cesser toute activité pour commencer à les percevoir enfin. Insectes qui stridulent cachés dans leur recoin. Le système d’aération de la maison Continuer la lecture#P11 | Le silence est aussi un bruit

#Hors série 2 | récits de l’objet / Le matelas

Pour le repos quotidien du corps vivant. Ring pour l’amour, la douleur et l’agonie. Pour les rêves, les cauchemars et les angoisses aussi. Mais pour le repos éternel du corps mort, plus besoin de son moelleux et de sa souplesse. Ce lapsus de l’écrire avec le « t » du matelot. Soi dormeur chahuté par la nuit. Le vieux Littré pour vérifier Continuer la lecture#Hors série 2 | récits de l’objet / Le matelas

#L9/ du feu, des mazzeri, de la rue Droite…

Cet été-là elle venait rejoindre la famille en vacances au village, elle n’en avait pas réellement envie, aurait préféré passer août à Paris avec P, mais n’avait osé se soustraire à l’autorité maternelle, avait fait le voyage en train de Paris à Marseille, avait depuis la gare Saint-Charles rejoint à pied la Joliette où elle avait embarqué de nuit sur Continuer la lecture#L9/ du feu, des mazzeri, de la rue Droite…

#L9/ documenter c’est écrire

Le terme « bicoques » désigne des habitations typiques d’ici. Accrochées aux pentes abruptes au-dessus de l’anse où s’est développé le port, elles ont été construites de façon anarchiques par toutes les petites mains arrivées avec l’exode rural depuis les Hauts Plateaux. Paysans pauvres, souvent jeunes, partis pour embaucher sur les docks, sur les cargos, sur les chalutiers, dans les petits commerces Continuer la lecture#L9/ documenter c’est écrire

#L8 | La forme que prennent les choses oubliées

Dans une vaste maison qui n’est pas la sienne, qu’elle a investie et dans laquelle elle vit depuis peu de manière illicite, en intruse, essayant de faire le moins de bruits possible pour ne pas attirer l’attention des voisins, ce qui oblige discrétion et chuchotement alors qu’il arrive au couple de plus en plus fréquemment de ne pas être d’accord, Continuer la lecture#L8 | La forme que prennent les choses oubliées

#L8/ Voix de la prose

Surtout ne pas traîner maintenant si près du but et puis cet air mauvais, vicié qui suit et pousse depuis le port, faut monter, monter et revenir, revenir enfin dans cette maison, ce qu’il en reste, ce qu’ils en ont fait, à l’époque on l’appelait la Demeure, toujours aussi sale cette ville et toute cette crasse humaine qui traîne et Continuer la lecture#L8/ Voix de la prose

#L7 | Tant de nuits

Nos jeunesses ébauchéesLe reste de nos viesSi loin de moi Tant de nuits, Alain Bashung Dans la remise en question de la première phrase, du premier texte, le doute qu’il soulève dans le récit, se situe tout l’enjeu du texte à venir. Ce qui détermine le moment de la rencontre, de la décision et de ses conséquences, cet instant où Continuer la lecture#L7 | Tant de nuits