#anthologie #37 | trois visions

Je vis les traces des pas qu’il laissait derrière lui. Il venait de marcher dans une flaque d’eau avant de passer devant une vitrine abritée par un auvent en toile. L’eau dessinait sur le sol sec le contour de ses semelles avec le dessin inversé de leur relief. L’empreinte laissée perdait ensuite ses détails pendant qu’il s’éloignait. Jusqu’à disparaître. Il Continuer la lecture #anthologie #37 | trois visions

#anthologie #32 | Leur reste-t-il de l’innocence ?

Des alarmes, des sirènes, des images en boucle. Un génocide en direct, la main sur les yeux pour ne pas voir, les doigts écartés scrutant l’horreur. De ma table de cuisine, j’aperçois la terrasse d’une voisine. Je la connais de vue depuis 20 ans. Nos enfants sont allés à la même école. Nous ne nous parlons pas, je ne fais Continuer la lecture #anthologie #32 | Leur reste-t-il de l’innocence ?

#anthologie #35 | l’autobus

L’autobus roule. Il est filmé par-dessus, le grand rectangle blanc de son toit est posé au centre de l’écran dans sa largeur, il semble immobile. Sur le bord de l’image défilent de droite à gauche des personnes, des voitures, un parapluie ouvert vus du ciel. Des traits de lumière zèbrent le bord de l’image de gauche à droite, les reflets Continuer la lecture #anthologie #35 | l’autobus

#anthologie #32 | illuminer les matins

Vu d’hauteur humaine, c’est une petite tente comme celle qu’on déployait les soirs de bivouac ou comme il y en avait beaucoup sur le quai du fleuve au dernier printemps. Dans l’ovale de l’ouverture, une tête de chat rose à oreilles dodues, capuche d’un peignoir de bain bouclé recyclé. Sous la broderie du museau, un visage de femme penché sur Continuer la lecture #anthologie #32 | illuminer les matins

#anthologie #32 | La mer est si grande

La ville est blanche, minérale, les arbres bien alignés. Dans les parcs aucune herbes folles. Devant la tour de la Lanterne le pin parasol penche juste ce qu’il faut pour faire une belle photo. A l’intérieur de la tour les touristes s’extasient devant les traces des prisonniers laissées sur les murs : noms, prénoms, dates, cœurs, bateaux, le tout gravé Continuer la lecture #anthologie #32 | La mer est si grande

#anthologie #23 | plaques

De cette rue dont je parle plus haut en la nommant « ma rue » et en la remplissant des attributs de toutes mes rues comme on fourre ses affaires dans un sac, et ses vêtements, et les bricoles les plus intimes ou les plus nécessaires parce qu’on doit partir vite ou loin, je n’ai vécu que la surface, tant Continuer la lecture #anthologie #23 | plaques

#anthologie #19 | points zéro

{Codicille — j’ai déjà participé à la proposition du cycle #autobiographie en décembre 2021 et vous trouverez mon texte Soixante fragments sans conséquence en cliquant ici. Au lieu de reprendre ces fragments et de leur adjoindre une nouvelle couche, je préfère en choisir quelques autres pour avancer dans un projet qui prend forme avec cet atelier. Il s’agit d’un homme Continuer la lecture #anthologie #19 | points zéro

#anthologie #12 | loin de la convulsion méditerranéenne

L’arrivée se fait par les villes de la frontière, cette frontière mobile qui se déplace au fur et à mesure de la guerre, Conil de La Frontera, Chiclana de La Frontera, Herez de La frontière, et nous arrivons à Séville par le grand pont et les rives du Guadalquivir, et même immergés dans le trafic de la fin de l’après-midi Continuer la lecture #anthologie #12 | loin de la convulsion méditerranéenne

#anthologie #17 | Éviter le langage.

Fin janvier 2024, je sais que Pascal Quignard est à la cité musicale avec Aline Piboule. je ne pourrai voir son spectacle, pas de billet, trop juste à organiser et prévoir, mais je suis dans la rue musicale, pleine à cette heure-là et je l’imagine, arriver avec sa démarche tranquille, simple dans son costume sombre et son sous-pull bleu marine, Continuer la lecture #anthologie #17 | Éviter le langage.

#anthologie #17 | lui, Claude McKay, Walter Benjamin et Marseille

Ça se passait au milieu de la rue Bouterie, à l’American Bar. Ne cherchez pas la rue Bouterie sur un plan de Marseille, elle a été rasée avec le quartier du Panier en février 1943. Elle était l’artère centrale de la Fosse qu’on appelait aussi le Quartier réservé. Une rue longue à n’en plus finir garnie de taudis, de bars Continuer la lecture #anthologie #17 | lui, Claude McKay, Walter Benjamin et Marseille