personnages#11 W, d’un éclatement fait personnage

Plus de vingt ans1. De son petit pas, il trottait, arqué sur sa canne2, tout autour de l’immeuble3. Sa promenade quotidienne aux beaux jours, toujours dans le même sens. Très vieux, très voûté, si petit4. Parfois, un pain sous le bras5. Au plus chaud, son grand chapeau de paille, un simple débardeur de coton blanc, un pantalon de toile beige Continuer la lecturepersonnages#11 W, d’un éclatement fait personnage

personnage#8, tout Mauvignier en une seule phrase + version ATL été 2017

comme tous les un jour sur trois, emmitouflé dans son parka marron, godillots fourrés aux pieds, casquette épaisse sur le crane, ça lui prend du temps pour se caparaçonner avec ce vent d’hiver qui se charge en froid sur la neige du plateau, il y tient à sa sortie, les retrouve autour de la camionnette, juste pour échanger un mot Continuer la lecturepersonnage#8, tout Mauvignier en une seule phrase + version ATL été 2017

personnage#7, Bolaño, scène avec téléphone

Il traîne dans ta mémoire. Il trônait dans leur salon, devant la fenêtre, au centre d’un petit guéridon verni, entre une haute lampe à abat-jour tombant et un fauteuil trapu et raide. Tu te souviens du fil du combiné vrillé en queue de cochon, de la petite virgule inversée et brillante où venait buter l’index quand on composait un numéro. Continuer la lecturepersonnage#7, Bolaño, scène avec téléphone

Un sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Yamen L’enfance satine joues brunes et rondes, supportant sans peine regard de Méduse tagué en bleu. En son for intérieur, un sphinx se prélasse sur les velux d’un pavillon ; il pourrait briser le verre au moindre mouvement. Au bout de la rue couverte, il y a le klaxon. Résonnent murmures en bambara accordés aux pas qui n’évitent pas les flaques, Continuer la lectureUn sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

personnage#6, fabrique Koltès du personnage

1.1 Ses yeux très bleus comme délavés. Ses cheveux très blancs autour d’un visage de moins de trente ans. En son for intérieur : les ombres profitent de la nuit sur la ville, les vitres du palais d’hiver volent en éclats. 1.2 Son regard vide quand vous le croisez. En son for intérieur : ce gros soleil blanc éblouissant, aveuglant à plisser Continuer la lecturepersonnage#6, fabrique Koltès du personnage

personnages#5, du dialogue à un seul qui parle (Charles Juliet)

Le portillon de fer gris. Des haies très denses, très sombres et taillées strict filent de chaque côté. Écrit sur un panneau « entrée réservée aux visiteurs ». Un petit chemin d’une cinquantaine de mètres, bétonné et encadré d’une pelouse martiale, descend doucement pour se terminer sur le parvis au pied de la porte vitrée de l’établissement. Pas de poignée de ce Continuer la lecturepersonnages#5, du dialogue à un seul qui parle (Charles Juliet)

Ton sourire, l’énigme de ton visage

75 ans, ton visage figé est celui de la mort, visage de marbre blanc, ton sourire à jamais a disparu Ton visage ridé marque ta vie, chaque ride est la trace de ton chemin, ride du temps qui passe, ride de ces dernières années vécues dans ce petit appartement au 6ème étage de l’immeuble face à l’église, ride des douleurs Continuer la lectureTon sourire, l’énigme de ton visage

personnages#2, Saint John Perse, une généalogie au féminin

Celle qui a crié « Vive la République » avant d’être jetée du pont où passait l’Empereur. Celle qui au retour de l’école s’arrêtait très souvent dans la nuit du petit chemin pour frapper très fort entre eux ses sabots. Celle qui s’occupait des vieilles à l’hospice. Celle qui me regarde depuis le fond du XXe siècle avec ses cheveux coupés très Continuer la lecturepersonnages#2, Saint John Perse, une généalogie au féminin

un été, un automne

Ovale, presque rond, il tient parfaitement dans la main. Surface rugueuse, granuleuse mais dure du granit dont il est fait. Couleur dominante claire mais ponctuée de petits grains noirs et gris qui lui donnent parfois en pleine lumière un aspect verdâtre. C’est un galet. 27 septembre 2008 — Temps de l’écriture qu’on s’impose, qu’on devrait s’imposer avec encore plus de rigueur. Continuer la lectureun été, un automne

#12 l’œil intérieur

Assis là, presque en cercle, dans la chaleur de l’été, sous la fraîcheur verte du tilleul. Certains sur les chaises longues dépareillées ; d’autres, les plus jeunes, allongés sur des plaids. Les voitures sont garées à côté. On en voit certains s’apostropher avec le sourire. Ils parlent sans doute léger, se taquinent. D’autres, presque à tourner le dos, s’adressent à leur Continuer la lecture#12 l’œil intérieur