dialogue #04 | la couleur du silence

Vous serez étendu à mes cotés, la chambre sera plongée dans l’obscurité. Vous me direz : il fait tout noir.Vous préciserez : oui il fait nuit. Je ne répondrai rien.Je me rapprocherai et vous me direz : attends je me retourne, et vous ouvrirez les bras pour m’y accueillir. Vous ne direz rien de plus et tenterez de laisser le Continuer la lecturedialogue #04 | la couleur du silence

dialogue #04 | vous, elles

Vous vous relèverez la nuit pour entendre son souffle, guetter un mouvement du corps, une exhalation vous suffira ou un tressaillement infime d’un bras ou de la tête, encore faut-il le percevoir tant est faible la lumière hésitante à se faufiler par l’interstice des rideaux soigneusement tirés plus tôt juste avant la berceuse du soir, mais non vous n’aurez pas Continuer la lecturedialogue #04 | vous, elles

dialogue #01 | l’homme et la vieille

Elle est assise. Lui aussi. Ils se jaugent. Une table les sépare. Sur la table, elle a posé une lampe à huile, un falot dont la flamme jette parfois de brusques éclats de lumière sur leurs visages noirs. C’est elle qui parle. Elle agite ses vieux bras dont l’ombre dessine sur les parois des ailes gigantesques. Sur le mur, le Continuer la lecturedialogue #01 | l’homme et la vieille

vers un écrire/film #02 | intérieur/nuit

Intérieur nuit | gros plan | une cigale sur un oreiller blanc | au premier plan un corps allongé | flou | tâche de cheveux châtains | coupés courts | air chaud gonflé du bruit strident | nuit d’été | contre-champ | plan rapproché d’une femme | elle dort | couchée sur le côté | yeux fermés | la cigale Continuer la lecturevers un écrire/film #02 | intérieur/nuit

vers un écrire/film #02  | parenthèse

Gros plan serré sur le visage d’un homme, de trois-quarts | à gauche de l’écran | sous un chapeau à bords relevés, un visage rond, de petits yeux sertis de rides qui s’efforcent de voir à travers la nuit et la pluie | il parle | un visage soucieux comme tout entier porté par la volonté d’exprimer enfin ce qu’il a Continuer la lecturevers un écrire/film #02  | parenthèse

vers un écrire/film #01 | nuit grave

Rien ne prépare à une telle épreuve. Pas seulement la lenteur d’une fatigue affreuse, mais l’indifférence la plus complète à tout danger, présent ou éloigné. Cela surgit sans prévenir, creuse silencieusement en moi son pernicieux sillon. Je me couche avec une idée ou une image en tête, une émotion ou une tâche à finir, une seule pensée suffit, même confuse, Continuer la lecturevers un écrire/film #01 | nuit grave

autobiographies #15 | chambres alvéoles

Je ne comprends pas tout à fait qui elle est mais je sais qu’elle se déplace dans cette maison de poupées avec agilité, chambres pareilles aux alvéoles d’un fruit, bien visibles en coupe verticale ou par le dessus. Il y a des personnages en cire installés dans des fauteuils miniatures, des drôles de meubles qui ressemblent à des vrais, des Continuer la lectureautobiographies #15 | chambres alvéoles

autobiographies #14 | et c’est bien

des montagnes d’ordures sur les trottoirs les feux épars (chasse aux rats ou feux de joie) de gens qui chantent en se tenant la main sous le métro aérien une mine sans charbon ni or de grandes pièces de bœuf à dos d’homme qu’on hale  les caniches et les chevaux dans le trou qui fait cirque en attendant  les bulldozers Continuer la lectureautobiographies #14 | et c’est bien

autobiographies #06 | cigarettes de nuit

Le visage face à la vitre, face à l’obscurité au-delà qui renvoyait la lumière blafarde du plafonnier et, à contre-jour, le reflet mangé de buée à chaque expiration, le regard barré par la pliure de la fenêtre, là où vers le haut on pouvait ouvrir en bascule une partie de la vitre pour respirer un peu, l’air froid entrait alors Continuer la lectureautobiographies #06 | cigarettes de nuit

autobiographies #06 | long trajet de nuit

J’avais choisi la couchette du haut parce qu’on y tenait assise, que l’arrondi du toit du wagon n’était pas à portée de main, même en tendant très haut la main, à la différence du milieu et du bas où un ciel de skaï brun-orangé limitait le décor et la respiration – l’avais-je choisie, au fait ? je l’occupais certes, mais à Continuer la lectureautobiographies #06 | long trajet de nuit