CLIGNANCOURT 23 47

Tu téléphones en pédalantTu téléphones tous les jours à ta mèreIl t’appelaitTu l’appelaisTu l’épelaisVoix 1 — Je raccrocheVoix 2 — AttendsTous les jours tu ne téléphones plus à ton père Tu n’appelles Plus Laure Non PlusPlus Pas JamaisPlusPas plus L ni K d’ailleurs Ni G non plus ni D ni L ni …Tu sonnes dans le videTu laisses sonnerTu es Continuer la lectureCLIGNANCOURT 23 47

Le temps de vivre

     Les cheveux blancs permanentés au-dessus d’un manteau noir fatigué qui progresse lentement sur le trottoir, une petite vieille traîne un sac à roulettes avec ses provisions du jour… En son for intérieur, le sourire d’un jeune homme blond qui la demande en mariage…      D’épaisses nuées plombent le ciel, le son lancinant d’un canon monte de la plaine, on entend à Continuer la lectureLe temps de vivre

Point aveugle

     La vie resplendissait dans les yeux de son visage… sage, sans âge, vague souvenir surgi d’une région obscure de la mémoire, trace de visage, esquisse, quelques traits, presque rien, une sorte de trou noir qui absorbe toutes les tentatives de description, dans les cauchemars, les yeux ne sont plus que des orbites démesurées qui ressemblent à des bouches d’ombre, on Continuer la lecturePoint aveugle

Ouvertures

      Trains en gare files de wagons rangées de fenêtres où se penchent les voyageurs suites d’images brouillées par la vitesse la vie défile les jours se traversent comme le paysage et la nuit veilleur où en est la nuit la nuit dense la nuit profonde quand le voyage doit durer jusqu’au bout de la nuit et que de faibles Continuer la lectureOuvertures

#6 il elle fenêtre

parfois la tâche fugitive de son visage derrière le grillage à poule dans le petit rectangle maçonné de sombre entre les pierres sous la montée de grange caché là pour observer à prendre le soleil il ne sait pas encore qu’un jour il regrettera de ne pas avoir quitté sa tanière pour venir l’écouter impossible de fixer un seul des Continuer la lecture#6 il elle fenêtre

Au chalet

Sur la table du petit déjeuner, un pot de confiture fraise rhubarbe, cerise, cugnarde aux coings. Les enfants sont serrés sur le banc – Hugo, Frédéric, Lucas – ils sont en tas devant la paroi de bois. Tout est en bois. La table le banc la paroi le parquet les poutres du plafond. Tout est petit. Tout petit. On dit Continuer la lectureAu chalet

NUIT

Guetter ses proies à la tombée de la NUIT quand le soleil s’éclipse quand sous les ronces rampe toute une vie grouillante qui s’achemine vers les clairières NUIT j’aime l’incertitude entre chien et loup quand le jour s’immobilise avant la NUIT quand les iguanes descendent vers le fleuve je me terre au pied des arbres comme racine noueuse quand la Continuer la lectureNUIT

Diffraction

     Trains en gare files de wagons rangées de fenêtres où se penchent les voyageurs suites d’images brouillées par la vitesse la vie défile les jours se traversent comme le paysage et la nuit veilleur où en est la nuit la nuit dense la nuit profonde quand le voyage doit durer jusqu’au bout de la nuit et que de faibles lueurs Continuer la lectureDiffraction

Arrêt

La nuit tombe sur l’arrêt de bus. Banc gris. Vide. Des cris d’enfants au loin. Une branche git, brisée, sur le toit de tôle. Gris aussi, ce toit, comme le banc, comme les colonnes de l’abri, grises d’un gris un peu plus foncé que les autres gris. La nuit tombe : le gris a gagné. Gris aussi le trottoir. Et personne Continuer la lectureArrêt