#anthologie #31 | J’avais presque dix ans quand

J’avais presque dix ans tu sais Madame quand j’ai aimé Gredin et que je t’ai rencontrée. J’avais dix ans et quelques jours quand je suis mort et plus jamais je n’ai joué avec Gredin. Plus jamais il n’a pu s’échapper de l’enceinte de l’amour discret et possessif de sa maîtresse, ma tante, qui le trouvait si mignon et le serrait Continuer la lecture#anthologie #31 | J’avais presque dix ans quand

#anthologie #25 | l’odeur des mots

Pour un lecteur, la première odeur des mots est celle du papier et de l’encre d’imprimerie. Pour un auditeur, c’est l’odeur du vent. Les mots qu’on reçoit portent l’odeur de la matière qui les transporte. Lorsqu’on crée un mot, son odeur est toute différente. Elle vient de plus loin, elle apparaît avec la suite des lettres ou des syllabes pour Continuer la lecture#anthologie #25 | l’odeur des mots

#anthologie #14 I accidents

Il arrive des choses aux mots comme il arrive des choses aux gens. Bienveillance a été attaqué au couteau, et tailladé. Cerise est embrassé comme on embrasse le signe d’un espoir. Passiflore s’allonge sur la mollesse d’un champ les yeux dans les nuages. Et Bienvenu, tout comme sa sœur Bienvenue, est vissé sur un écriteau aux quatre coins, brossé, foulé Continuer la lecture#anthologie #14 I accidents

#anthologie #07 | La lumière de l’écran

Le noir de la nuit n’est déjà plus si noir. D’ailleurs, le noir de la nuit n’est jamais vraiment noir, pas intégralement, reste toujours un peu de clair, un peu de jour, de lumière. Pas assez pour bien voir les couleurs en couleurs, mais voir au moins les formes, de quoi se déplacer sans cogner, sans tomber, sans buter dans Continuer la lecture#anthologie #07 | La lumière de l’écran

#anthologie #05 | la femme aux mots empêchés

…les mots roulent dans ma tête roulent de ma tête à ma bouche mais le soleil cuit le soleil me cuit et le corps bout et les mots et mes lèvres et mes bras et mes jambes trébuchent sur le pavé à force de chercher l’ombre et un visage, c’est la faute au soleil, c’est lui qui fait trébucher mon Continuer la lecture#anthologie #05 | la femme aux mots empêchés

# enfances | #06 silence

Il reste la voix jeune je ne peux pas entendre la dernière voix je crois entendre une voix mais c’est un visage que j’entends. Le visage sur cette photo. Les photos se bousculent sans que je les aie appelées, là à côté de la chienne tous les deux, là en vacances son short sur des jambes maigres, celle de la Continuer la lecture# enfances | #06 silence

#enfances #06 | Voix

Il y a des voix dans la voix. Tu le sais . Déjà tu joues avec leurs voix :  ta voix sans mots (tu t’en souviens ?) : ba-be-bi-bu-ba…  La voix venue de l’autre pièce que tu appelles à toi : sa lumière contre ta peur L’entendre ( au noir) qui rassure Voix pour la fièvre. Le dormir. Le manger. Celle qui Continuer la lecture#enfances #06 | Voix

#été2023 #04 | Kévin

J’ai l’impression quelquefois, d’être au seuil d’une maison des mots, je pourrais entrer, j’en ai peut-être le droit, mais je n’entre pas. Est-ce que j’ai peur, je ne sais pas. J’envie ceux qui sont chez eux dans cette maison, j’ai toujours cru que le monde se divisait en deux catégories, ceux qui entre de droit dans les maisons et les Continuer la lecture#été2023 #04 | Kévin

#photofictions #08 | Nécessaire de toilettes

Sur la plaque de déclenchement de la chasse d’eau, un rectangle blanc et deux poussoirs ronds, cerclés de chrome, un grand et un plus petit, le nom de la marque en haut à droite, gris, GEBERIT. Et puis HARPIC, sur le dessus de la boîte contre le mur, en rouge sur fond blanc, souligné d’une flèche rouge, incurvé façon WordArt. Continuer la lecture#photofictions #08 | Nécessaire de toilettes

#40 jours #15 | votre imagination qui bégaie

Comme un cheval qui branle sa tête pour se dégager du mors, oui, je bégaie, bégaye, bègue. La ville n’est pas en cause que je parcours, que j’aime ou déteste, que je peux fuir si elle m’oppresse, m’agresse, me stresse. Pas plus l’Histoire qui, elle, ne se prive pas. Les lettres, les consonnes dures, longtemps crues fautives, sont toutes aussi Continuer la lecture#40 jours #15 | votre imagination qui bégaie