#anthologie #prologue | Peter Handke, je suis venu au monde

J’avais le corps d’un enfant de six mois. J’étais déjà venu au monde une fois. Ce corps était dans un couffin. Ce couffin était posé sur une table. J’ai senti le froid de la distance d’avec l’autre corps de la pièce. L’autre corps de la pièce était posé sur le bord d’une fenêtre. J’ai hurlé. J’ai cru que la distance Continuer la lecture#anthologie #prologue | Peter Handke, je suis venu au monde

#versuneécopoétique #02 | marlen sauvage

Et à la fin le silenceTrouvé gardé collé Et à la fin le silence Un toit, une varangue, et l’espace au-dessous. La plaine où s’éteignent les bruits du soir. C’est une musique familière, une succession de sons qui grimpent jusqu’à vous, reconnaissables, alors qu’allongé dans votre hamac, vous escortez la fin du jour. C’est le son amorti des moteurs de Continuer la lecture#versuneécopoétique #02 | marlen sauvage

#versuneécopoétique #01 | L’odeur du silence

Table des matières :1 – L’odeur du silence 2 – Le jour du fil de fer L’odeur du silence C’est une vallée parfaite. Pas de ces vallées étroites où on se sent oppressé, compressé, écrasé par des à-pics trop raides qui suintent le danger et rejettent tout ce qui ose sortir du minéral, ni de ces endroits trop plats qui Continuer la lecture#versuneécopoétique #01 | L’odeur du silence

#versuneécopoétique | la nature des choses

1 – silences 2 – transfert d’intimité 2 – transfert d’intimité À l’ombre des micocouliers, le trottoir pourrait avoir quelque chose d’accueillant. Sur une marche d’escalier, les enfants ont posé les bouteilles remplies de la limonade qu’ils ont fabriquée, quelques verres en plastique blanc, une feuille annonce au stylo-feutre « 1 euro le verre », une boite de biscuits. Des portes sans Continuer la lecture#versuneécopoétique | la nature des choses

#nouvelles | Lisa Diez

Table des propositions1_ de l’art de ranger ses livres2_ histoire de mes librairies3_ inventaire (chantier) de choses perdues4_ le livre moins ce qu’il dit 1_ de gauche à droite, de haut en bas Les livres profitent du mistral. Composée de cinq tours profondes, la bibliothèque longe le couloir. Elle fait partie de cette petite armée de meubles rescapés du premier Continuer la lecture#nouvelles | Lisa Diez

#Gestes&Usages #01 | Rivages

A cause de la couleur des oignons roussis, de l’huile rouge des poissons nasses frits, du nacré des conques de lambis, de l’eau sombre au bord du quai, du fond noir de la piscine d’eau de source et des lapias qui faisaient l’attraction du Vieux-Bourg, je vois mon enfance comme une mer à traverser.  Mais il y avait des rivages. Continuer la lecture#Gestes&Usages #01 | Rivages

#enfances #07 | poupée

Oubliée. Sale. Protubérance sous une couverture. Prise pour un rat. Une poupée finalement. Poupée d’un autre temps. Héritage d’une mort sans héritage. Poupée d’un autre temps, d’un temps qui ignore plastique et matière molle, souple, douce, incassable. Des doigts ont gratté la jambe. Quels doigts, de quel enfant? Sous la peinture, une matière vitrée. Pas du verre pourtant. Les orteils Continuer la lecture#enfances #07 | poupée

#été2023 #09bis | Arrêter le temps

Devant mon évier pour finir la vaisselle, mon gâteau au yaourt au four, je laisse l’eau couler sur mes mains. Ce n’est pas tant l’envie de pleurer, qu’une lourdeur dans la poitrine et dans la gorge qui me rend lente et comme absente, l’envie de revenir à des choses élémentaires, primaires, l’eau qui coule. C’est tout. Rester là parce qu’au Continuer la lecture#été2023 #09bis | Arrêter le temps

#été2023 #05bis | Prune

Madeleine. Sa mère a dit « ma fille Madeleine va venir me chercher ». Elle avait froid. Je n’ai pas osé au début lui prêter mon blouson d’agent d’escale. Nous avons attendu Madeleine. Je l’avais prise en charge dès la sortie de l’avion. Je l’avais aidé à s’asseoir dans la chaise roulante. Elle était un petit oiseau tout maigre sans manteau, juste Continuer la lecture#été2023 #05bis | Prune

#Eté2023 #05 Après le tournant

Le cercueil réfrigéré est au milieu du salon de la maison du Petit-Bourg à Bergette. Les hommes en noir l’ont installé ce matin pour la présentation du corps et nous devrons ma sœur et moi veiller notre mère jusqu’à demain matin. Ils ont cherché seuls la prise électrique où brancher la machine. Guylaine sans un mot a fini par leur Continuer la lecture#Eté2023 #05 Après le tournant