#enfances #04 | Le temps du lait chaud et du gâteau de semoule fait maison

Dans le regard de ma mère passait un éclair d’inquiétude qu’elle enfouissait rapidement au fond d’elle-même. Dans ces moments-là, elle se pinçait les lèvres sans s’en rendre compte. Elle ne disait rien, elle questionnait à peine. Elle s’approchait armée de son thermomètre au mercure et si nécessaire devenait « la reine du suppositoire1 ». Elle s’asseyait, gardait le dos droit contre le Continuer la lecture#enfances #04 | Le temps du lait chaud et du gâteau de semoule fait maison

#enfances #04 | engloutissement

Laisser venir, laisser se construire (je parle du souvenir des choses), laisser les sens dire l’histoire. Le goût dans la bouche, l’odeur du grenier. Oui ça se passe dans le grenier. La maison de bord de mer étant louée de juin à septembre, la famille déménageait au grenier tout en conservant l’usage de la cuisine. Une porte la séparait du Continuer la lecture#enfances #04 | engloutissement

#enfances #04 | l’oreille

Un bonjour tonitruant dans le couloir, les retours de classe, les pas dans le couloir vers les chambres d’enfants. Tourner avec précaution la tête, appuyer joue gauche sur le drap, faire face à la porte, le bec de cane remue. Entrouvrir paupières, juste une fente, regard filtré par les cils, bouche un peu ouverte comme quand on dort. Une tête, Continuer la lecture#enfances #04 | l’oreille

#enfances #00 | Peur ou furie

Mon père s’éloigne. Il marche d’un pas pressé. Je le suis de loin en loin. Il fait de grands pas décidés. C’est une journée ensoleillée, une légère brise agite les feuilles des platanes. Il marche plus vite que moi. Je ne vois plus mon père. Il a disparu. La foule le masque.Je suis figée devant le passage piéton. Je ne Continuer la lecture#enfances #00 | Peur ou furie

#enfances #00 | blanche à demi

Blanche, il ne lui semble pas qu’enfant elle se soit jamais perdue. Elle n’en n’a pas le moindre souvenir. Ce qui est étrange. Elle n’aura jamais longtemps lâché la main de ses parents ou des yeux l’adulte responsable. Toujours, elle s’en sera remise à l’autre pour son orientation. Il y avait un confort à cela, une douceur. Elle ignorait qu’elle Continuer la lecture#enfances #00 | blanche à demi

#été2023 #07 | elle est mère, plus que mère

Je ne sais pas d’où me vient cette image, elle se tient debout devant la fenêtre du salon et contemple la jetée du port. C’est à Oran, et je ne peux pas m’en souvenir. Bien des années plus tard c’est l’hiver à Bastia, elle se tient debout devant la baie vitrée du salon, devant le nouveau port de plaisance, le Continuer la lecture#été2023 #07 | elle est mère, plus que mère

#été2023 #04 | de la maison rouge à la plage

De la maison rouge à la plage, il faut compter un kilomètre peut-être. C’est toujours trop long pour ses pas d’enfant, impatiente de rejoindre le sable, l’écume, les vagues et les surprises de la marée. La grand-mère et la grand-tante sous leurs chapeaux fleuris tiennent l’arrière-grand-mère chacune par un bras et c’est elle, leur mère, qui donne le rythme à Continuer la lecture#été2023 #04 | de la maison rouge à la plage

#été2023 #03bis | elles sont quatre dans la petite chambre

L’aide-soignante revient avec un yaourt. Elles sont quatre maintenant dans la petite chambre. Avec tout le matériel médical qui vient d’arriver, et les meubles, il ne reste pas beaucoup de place. L’aide-soignante redresse un peu le lit. « Allez, Mme C., on va essayer de manger ce yaourt. Il est frais. Ca va vous faire du bien. » La mère regarde sa Continuer la lecture#été2023 #03bis | elles sont quatre dans la petite chambre

#été2023 #03 | « Un café ? »

« il ne reste que l’absence pour se rendre visible » (Claire Marin, Être à sa place, LDP, 2022, p. 39) Comme je l’ai dit, une tignasse et une main dans la demi-pénombre. Endormie sur un matelas improvisé posé sur des palettes. Tout contre une fenêtre aux carreaux cassés et la végétation qui entre dedans à flots verts et lumineux. Je n’ai Continuer la lecture#été2023 #03 | « Un café ? »

#été2023 #03 | d’un personnage trois autres

Comme je le disais, le patriarche un brin décati nous accueillit de son air bourru, accoudé à sa table de travail échappée de l’incendie quelques années plus tôt. Nous savions le trouver là-haut en ce début de nuit, fumant une dernière pipe avant d’aller enfin poser sa tête ourlée de fins cheveux argentés sur le vaste oreiller en dentelle. Toute Continuer la lecture#été2023 #03 | d’un personnage trois autres