- De l’abri aléatoire, faire du commun une habitude, une normalité, un déjà-vu, un chez soi.
- Habiter les cartons qu’on rempli, qu’on va rouvrir ailleurs, qu’on va rouvrir et disposer autrement ou juste pareil pour trouver des repères en changeant d’espace.
- Habiter le voyage, son corps qu’on transporte d’hôtel en hôtel, toujours soi mais jamais tout à fait la même.
- Habiter des rives incertaines et mouvantes. Nomadisme urbain, étudiante qui déménage quatre fois la même année, au gré des colocations, des appartements qui vont être vendus, des écoles qui s’achèvent, des invitations et des refus. Habiter résumé dans quelques sacs qui tiennent largement dans une voiture
- Détricoter la vie de la mère et du père, choisir la mémoire à venir, délimiter les souvenirs, faire des coupes franches en vidant la maison familiale. Se brouiller pour des assiettes, des horloges, couper les branches familiales qui ne s’accrochaient qu’à l’héritage. Vendre, jeter, ne pas nourrir de regrets, se tenir loin des émotions.
- Le domaine du grand Meaulnes, le chercher sur une carte, le chercher dans des musées, interroger des guides. Croire avoir trouvé cette maison, grande bâtisse bourgeoise à la lisière de la forêt, fenêtres condamnées, un peu plus loin les restes d’une chapelle. Chiens méchants des gardes qui grognent en vous apercevant. Vous prenez une photo et vous déguerpissez.
- Habiter un tableau, inscription de sa couleur intérieure, sans mots, c’est soi dedans. Chez soi sur la toile. Apparition, mise en lumière, habitation en Figure F.
- Habiter une page blanche qu’on noircit, se ressembler ou pas, écrire soi, interpréter le monde, composer, ordonner, faire sa maison de mots.
- Par des odeurs qui surgissent au hasard, se tenir devant la bibliothèque du grand-père, s’asseoir sur le petit tabouret dans l’atelier de peinture de la grand-mère, y demeurer au présent.
- Habiter son corps, habiter la mer en nageant, habiter le paysage en marchant ou en le contemplant, faire un, unité dans l’univers, poussière terrestre et mentale dans le grand ensemble.
#anthologie #08 | deux chambres une porte
On est en juillet. Comme alors. La maison rouge est vide. Elle ne dort plus dans le lit de camp qui a disparu depuis mais dans le grand lit. Absolument seule dans le silence de la maison rouge. Le halo de la lune fait briller la poignée toute ronde en cuivre de la porte mitoyenne avec l’autre chambre. Elle ne Continuer la lecture#anthologie #08 | deux chambres une porte