#anthologie #08 | deux chambres une porte

On est en juillet. Comme alors. La maison rouge est vide. Elle ne dort plus dans le lit de camp qui a disparu depuis mais dans le grand lit. Absolument seule dans le silence de la maison rouge.  Le halo de la lune fait briller la poignée toute ronde en cuivre de la porte mitoyenne avec l’autre chambre. Elle ne Continuer la lecture#anthologie #08 | deux chambres une porte

#anthologie #03 | Palette

Démarrer à la manière de Tarkos, je suis tombée nez à nez avec une palette, pas une palette à la diable, ni une palette en couleurs, encore moins une palette en bois qui sert à transporter des objets ou se transforme en meuble, non une palette, oui en bois, à la fois palette et tableau, pas tout à fait palette Continuer la lecture#anthologie #03 | Palette

#anthologie #04 | Habitudes contingentes

  1. De l’abri aléatoire, faire du commun une habitude, une normalité, un déjà-vu, un chez soi.
  2. Habiter les cartons qu’on rempli, qu’on va rouvrir ailleurs, qu’on va rouvrir et disposer autrement ou juste pareil pour trouver des repères en changeant d’espace.
  3. Habiter le voyage, son corps qu’on transporte d’hôtel en hôtel, toujours soi mais jamais tout à fait la même.
  4. Habiter des rives incertaines et mouvantes. Nomadisme urbain, étudiante qui déménage quatre fois la même année, au gré des colocations, des appartements qui vont être vendus, des écoles qui s’achèvent, des invitations et des refus. Habiter résumé dans quelques sacs qui tiennent largement dans une voiture
  5. Détricoter la vie de la mère et du père, choisir la mémoire à venir, délimiter les souvenirs, faire des coupes franches en vidant la maison familiale. Se brouiller pour des assiettes, des horloges, couper les branches familiales qui ne s’accrochaient qu’à l’héritage. Vendre, jeter, ne pas nourrir de regrets, se tenir loin des émotions.
  6. Le domaine du grand Meaulnes, le chercher sur une carte, le chercher dans des musées, interroger des guides. Croire avoir trouvé cette maison, grande bâtisse bourgeoise à la lisière de la forêt, fenêtres condamnées, un peu plus loin les restes d’une chapelle. Chiens méchants des gardes qui grognent en vous apercevant. Vous prenez une photo et vous déguerpissez.
  7. Habiter un tableau, inscription de sa couleur intérieure, sans mots, c’est soi dedans. Chez soi sur la toile. Apparition, mise en lumière, habitation en Figure F.
  8. Habiter une page blanche qu’on noircit, se ressembler ou pas, écrire soi, interpréter le monde, composer, ordonner, faire sa maison de mots.
  9. Par des odeurs qui surgissent au hasard, se tenir devant la bibliothèque du grand-père, s’asseoir sur le petit tabouret dans l’atelier de peinture de la grand-mère, y demeurer au présent.
  10. Habiter son corps, habiter la mer en nageant, habiter le paysage en marchant ou en le contemplant, faire un, unité dans l’univers, poussière terrestre et mentale dans le grand ensemble.

#anthologie #03 | les poussières de Gerboise

Le sable obscurcissait tout le pare-brise et tout le ciel, une fine poussière rouge, très fine poussière rouge. Pas question de la prendre, la fine poussière rouge ne se prend pas. Ou alors, peut être avec un aimant parce qu’elle est magnétique un peu la fine poussière rouge. Ne pas la prendre, mais la toucher. Apprivoiser la fine poussière rouge Continuer la lecture#anthologie #03 | les poussières de Gerboise

#anthologie #02 | la salle

Allongée sur le divan, caché par la porte qui ouvre sur cette salle salon chambre – rien n’est bien défini –, où elle reposerait pour une sieste d’un après-midi d’été. Le dessus de lit jaune soleil serait rabattu sur ses pieds, le visage de l’enfant tourné vers la droite comme s’il regardait l’étagère de livres près du lit. Les livres, Continuer la lecture#anthologie #02 | la salle

#anthologie | lieu de transit

# 0 – Prologue # 1 – Infinitif # 2 – La nef # 3 – La bonbonne d’eau # 4 – Habiter # 5 – Pousser le corps devant soi # 6 – Seule # 7 – Lumière # 8 – Paradis perdu # 9 – Coup de tête # 10 – Seul # 11 – Un retour dans Continuer la lecture#anthologie | lieu de transit

#anthologie #prologue | je suis venuE au monde

Je suis venue au monde sans savoir que c’était le monde. Sans savoir que j’étais venue avec un E. J’ai vu du vert partout, des camaïeux de vert, sans savoir que vert et couleurs existaient. J’ai touché le vert à pleines mains, couchée dans l’herbe sans connaître la différence entre herbe et lit. J’ai essayé d’attraper la coccinelle et le Continuer la lecture#anthologie #prologue | je suis venuE au monde

#anthologie #prologue | pour rien

Je suis né une année bissextile qui commence un mardi. Pas seul, plus de 69 000, dans ce cas dans ce pays non choisi. Je ne suis en rien responsable de la dépression post-partum de ma mère. Le 12, un mardi, les documents disent que j’étais là. Je ne conteste pas. Mais je n’y suis pour rien. Le même jour, Continuer la lecture#anthologie #prologue | pour rien

#anthologie #prologue | On en reparlera

En un seul jour j’en ai eu des naissances. J’ai bavé et ce n’était que le début. J’ai frotté une peau qui était mienne qui n’était pas mienne on en reparlera. J’ai eu envie de déclarer l’interdiction totale d’avoir froid ou de manquer d’un mot tendre de quelle que bouche que ce soit et on en reparlera. J’ai activé des Continuer la lecture#anthologie #prologue | On en reparlera

#anthologie #prologue | J’ai vu, je suis.

J’ai vu, j’ai observé sans comprendre. Bruits, sons, paroles, phrases.J’ai appris à faire du vélo devant la maison. J’ai fait du vélo dans les landes. J’ai fait du vélo dans Paris. J’ai suis allée de Saint-Jean de Luz à Bordeaux en vélo. Je ne sais plus faire de vélo.J’ai vu, j’ai observé, j’ai entendu, j’ai imité. Paroles, phrases, questions. Mon Continuer la lecture#anthologie #prologue | J’ai vu, je suis.