#P5 / chair adverse

la chair adverse déchiquette ; en elle vacillent radicelles ; l’être l’os tressaille une plainte s’enfuit l’être l’os tressaille frémit dans la nuit fragmentée dénervée là dans la coulure elle sent que cela coule inévitablement   temps et choses deviennent liquides évanouis dans le flou .démembrement. toute eau retenue du corps tout liquide émotion rentrée désincarnée chancelante fragile roseau retourné tremblant dans Continuer la lecture#P5 / chair adverse

# L2 | Les deux côtés d’un même monde

De l’autre côté du miroir. Faire la course contre le train ; elles l’emportent toutes. Il est facile de gagner. Il suffit de descendre d’un coup la colline. Le train disparaît. En-dessous, au-delà de la ligne franchie, aucun croisement avec une voie ferrée. La gare n’existe que dans un souvenir ; celui d’un monde en guerre. Il n’y a donc Continuer la lecture# L2 | Les deux côtés d’un même monde

L’entorse

Tomber, se relever, pas crier (Enfant, elle n’a jamais su comment faire) Poser le pied par terre, pas pleurer (Elle prend du Spasfon quand le ventre se tord trop) Cet itinéraire, elle le suit pourtant deux fois par jour, aller-retour : se laisser porter par l’escalier mécanique, passer le portique inerte et froid, acheter trois baguettes à la boulangerie, pénétrer Continuer la lectureL’entorse

#P1 | délivrer du sommeil

La photo où l’enfant couchée sur les carreaux vichy, fleurs séchant dans ses cheveux (se rappelle qu’elle ne dormait pas, l’objectif était conscient). Un lit comme la Manche quand elle s’imprime sur plages – sable ou joue – du coin de l’œil vois l’angle où le crâne a été frappé, fermer très fort les paupières pour conjurer le sort. Tente-sommeil, Continuer la lecture#P1 | délivrer du sommeil

#P1 | Les yeux fermés

Alité tôt, le soleil à peine couché, pour laisser aux adultes le temps des retrouvailles, des discussions sérieuses et graves ou des moments complices entrecoupés d’éclats de rire, sans pouvoir trouver le sommeil, excité par le voyage et les voix qui se confondent au roulis lointain des voitures sur la route de campagne, leurs phares se projetant au plafond, pour Continuer la lecture#P1 | Les yeux fermés

La surface

C’est cela qui me revient, en premier, c’est une dernière fois. Les cheveux humides mais le vent du printemps sèche rapidement, il fait jour, il y a des promesses dans l’air. Pas de gêne, c’est la fin, on se réconcilie du coin de l’œil avec les garçons qui nous succèdent. Eux, ils s’entraînent à la compétition. Filles et garçons séparés. Continuer la lectureLa surface

Le rendez-vous

     Elle a accepté l’invitation. Je n’osais l’espérer. Elle m’a donné rendez-vous dans sa maison de campagne, en région parisienne. J’ai pris le train, puis un bus, et j’ai parcouru les derniers kilomètres à pied, sans hâte, pour établir le calme en moi et m’imprégner de l’endroit dans lequel elle vit maintenant le plus souvent. Je suis en avance, j’ai le Continuer la lectureLe rendez-vous

celle qui un jour a posé son regard dans le vide

Celles qui encore allaient au lavoir, battaient, brossaient, rires, sueurs et prières pour ceux qui s’en sont allés dans les campagnes. Celles qui encore allaient à l’église le dimanche en grimpant le San Pedrone du hameau vers le village. Celles qui encore parlaient le corse dans leurs longues jupes noires a funtana. Celles qui par deux fois ont été veuves. Continuer la lecturecelle qui un jour a posé son regard dans le vide

Cul-de-poule

J’aspirais très fort, les lèvres crispées – « comme si tu avalais la feuille ! » avait dit R., elle riait, je pensais à l’expression « en cul de poule », quel dégoût. Même les mots : agglutinés par le tiret, visqueux rivés. Trop près. Il aurait fallu recracher les plumes presque, une nausée âcre, l’odeur la honte, mais déjà le papier collait à ma bouche. Continuer la lectureCul-de-poule