#40jours #prologue | porosité

A mesure qu’approche la date du déménagement qui me fera quitter cette ville tant aimée, mes nuits d’insomnie mêlent tous les lieux qui m’ont façonnée. Restent des pissenlits qui insistent pour sortir la tête d’entre deux pavés, rue du Viaduc à Ixelles, des petites souris dans des greniers d’immeubles criblés de routes invisibles aux humains à Jette, 3ème étage d’un Continuer la lecture#40jours #prologue | porosité

dialogue #04 | Ne rien oublier

Vous n’êtes que le passé. Le pire, recomposé et omniprésent. Pour vous défendre, vous aviez dit d’abord que vous n’étiez qu’un interprète. Plus tard : « Ich kann mich nicht erinnern » (« Je ne me souviens pas »), « Ich habe nur meine pflicht getan » (« Je n’ai fait que mon devoir »). Moi, je n’oublie rien. Vous aviez rang de chef Continuer la lecturedialogue #04 | Ne rien oublier

dialogue #04 | vous, elles

Vous vous relèverez la nuit pour entendre son souffle, guetter un mouvement du corps, une exhalation vous suffira ou un tressaillement infime d’un bras ou de la tête, encore faut-il le percevoir tant est faible la lumière hésitante à se faufiler par l’interstice des rideaux soigneusement tirés plus tôt juste avant la berceuse du soir, mais non vous n’aurez pas Continuer la lecturedialogue #04 | vous, elles

dialogue #03 | audition d’un témoin

Deux jours avant sa disparition, le professeur Laurelli s’était donc rendu à l’aéroport pour accueillir Félix Appoline, adjoint au maire de la commune d’Awala-Yalimapo. Celui-ci était arrivé à Bastia-Poretta à 11 heures 15 en provenance de Paris-Orly. Laurelli l’attendait et le conduisit à Bastia où ils déjeunèrent. Ensuite, les deux hommes se rendirent à la gare où l’élu guyanais devait prendre le Continuer la lecturedialogue #03 | audition d’un témoin

#P12 L’effacement du fort de Flémalle

0 Rien, les tranchées dans le sable de la mer du Nord, c’est avec son cousin et ses soldats en plastique. Il veut bien que je joue avec lui. D’abord il faut préserver les constructions et les hommes de l’ensevelissement menaçant et c’est du tranchant de la main écarter le sable fin, le repousser loin, pour dégager le plus humide Continuer la lecture#P12 L’effacement du fort de Flémalle

#P12 | Joyeux anniversaire

1. Un bref instant de lumière, une étincelle. 2. Le temps immobile et confus. Les anecdotes disparaissent peu à peu, il ne me reste plus que les photographies pour tenter d’en retrouver la trace, d’en dresser la carte, avec un léger écart, ce qu’on appelle écrire. 3. Comme tout le monde, je n’ai aucun souvenir précis des premières années de Continuer la lecture#P12 | Joyeux anniversaire

#L10 | la passerelle

De la passerelle, aspirer l’air chargé d’herbe tiède, sel, kérosène. C’est comme une vague trop haute, lourde et abrupte, de la pointe des orteils jusqu’au cœur, cette première fois dont elle ne peut se souvenir vient faire rougir son front, d’où lui vient cette image, une famille, un couple, trois enfants — sa famille — en haut de la passerelle ? Continuer la lecture#L10 | la passerelle

#L9 | La beauté de l’accumulation

Avec modération Il reste assis toute la journée dans un bureau aménagé en open space plongé dans la pénombre, éclairé par la seule lumière bleutée de l’écran de son ordinateur, dans un box étroit, à côté de ses collègues, installés tout comme lui dans leur box, effectuant les mêmes tâches répétitives. Ils ne se parlent que lors de nos pauses. Continuer la lecture#L9 | La beauté de l’accumulation

#L4 Ma sentimenthèque

De la comtesse de Ségur, caresser sous la couverture tissée de vieux rose , les gravures salies par des petits doigts sucrés, deviner dans les taches de moisissures autant d’histoires que dans un nuage, ne pas se dispenser de lire parce qu’il n’y a que ça, que ça, que ça, dans les rayons de la bibliothèque : l’objet.   De Jules Verne, Continuer la lecture#L4 Ma sentimenthèque