#anthologie #17 | The welcome table

Je ne sais plus comment j’ai appris que Baldwin avait passé une dizaine d’années à Istanbul où il avait trouvé après la France un refuge. Le court métrage de Sedat Pakay « from another place » est introuvable. J’ai pu visionner un extrait de 2 minutes 38 où l’on voit le corps petit, maigre et noir de Baldwin dans un grand lit. Continuer la lecture#anthologie #17 | The welcome table

#anthologie #13 | Le désir de roman

Je suis revenue d’Istanbul et je n’ai toujours pas atterri. Un atterrissage réussi aurait été de retrouver les lieux familiers et de m’y sentir accueillie, conforme, semblable à avant. Je ne suis plus comme avant. Impossible de me sentir comme avant. Quelque chose a changé. J’ai changé. J’ignore ce qui a changé en moi. Je suis déjà partie pourtant et Continuer la lecture#anthologie #13 | Le désir de roman

#anthologie #12 l Berlin, La Havane, Istanbul

Ce sont les mêmes aéroports. Ne serait-ce la langue qui change on pourrait croire que le voyage est immobile et aucun déplacement nécessaire puisqu’on retrouve les mêmes tapis roulants, les mêmes caméras, le même contrôle pour l’embarquement, les mêmes duty free, les mêmes baies vitrées quelque soit la ville. J’ignorais qu’une rivière coupait Berlin en deux. J’ignorais que j’aurais été Continuer la lecture#anthologie #12 l Berlin, La Havane, Istanbul

#anthologie #08 l Les montagnes d’Anatolie

Je porte une chambre en moi. La 303 du Grand Almira Hôtel. Un large escalier en colimaçon y mène. Je monte à pas feutrés sur des tapis d’orient rouge qu’une des employés nettoie pliée en deux chaque matin avec un balai en paille de riz sans manche. La porte de bois sombre est haute. La poignée en laiton résiste et Continuer la lecture#anthologie #08 l Les montagnes d’Anatolie

#anthologie #06 l Solitude

Ma chambre est au 3e étage. Un grand lit face à un bureau au-dessus duquel trône un large écran de télé que je n’ai jamais allumé. La climatisation est réglée à 17 quand je la mets en marche. Le lit deux places mange tout l’espace devant le bureau. Je passe peu de temps devant la fenêtre. Je somnole allongée sur Continuer la lecture#anthologie #06 l Solitude

#anthologie #05 l Les portes de l’Anatolie

Besiktas, Kadikoy, Karakoy, Fathi, Gezi park, Emimonu, Kabatas… Voyager c’est apprivoiser par petites touches l’espace. Ces noms me sont devenus familiers sans que je sois capable pour autant de les poser sur une carte. Voyager pour moi c’est faire confiance et laisser l’inconscient organiser l’espace sans m’en mêler. Ma méthode n’est pas rationnelle et donc totalement inefficace quand il faut Continuer la lecture#anthologie #05 l Les portes de l’Anatolie

#anthologie #04 l Habiter Istanbul

1 Habiter Chanzy. Mon frère est mort. Ma mère attend qu’on vienne chercher l’enfant mort à ses côtés sur le grand lit. Elle attend. Mon père est parti appeler. Elle est seule avec l’enfant mort. Je suis née après. Je suis née dans le sillage de la vie courte qu’il a vécue. Personne ne l’a jamais oublié. J’ai grandi avec Continuer la lecture#anthologie #04 l Habiter Istanbul

#Anthologies #03 l Spectres

J’ai perdu deux choses à Istanbul, ma valise et mon portefeuille. Ma valise en arrivant et mon portefeuille la veille de mon départ. J’ai perdu deux contenants. Un grand et un petit. Ces objets n’avaient aucune valeur sentimentale avant que je ne les perde. Une fois perdus, ils sont devenus plus que des contenants auxquels je ne pense pas. Ils Continuer la lecture#Anthologies #03 l Spectres

#anthologie #02 | La marche du monde

La lumière hypnotique des néons, un haut plafond de lames dessinées pour évoquer l’aérien, peut-être pour faire oublier l’âpreté de la circulation dans les aéroports et rappeler le ciel, des surfaces vitrées où se pose le regard, des distributeurs de boissons, une cage pour fumeur, trois hommes y fument en silence, la moquette bleue de la couleur du Bosphore, des Continuer la lecture#anthologie #02 | La marche du monde

#anthologie #01 | Consulat

Monter l’escalier roulant du métro, station Haliç. Allonger le pas sur le pont aérien au-dessus d’une mer émeraude sous un ciel bleu sans nuages. Tenir fort la bride de mon sac. M’interdire de m’approcher comme je m’interdirai d’approcher du bord d’une falaise de peur que le vide me happe. Être partagée entre l’envie de m’approcher de la rambarde pour prendre Continuer la lecture#anthologie #01 | Consulat