#anthologie #04 | Habitudes contingentes

  1. De l’abri aléatoire, faire du commun une habitude, une normalité, un déjà-vu, un chez soi.
  2. Habiter les cartons qu’on rempli, qu’on va rouvrir ailleurs, qu’on va rouvrir et disposer autrement ou juste pareil pour trouver des repères en changeant d’espace.
  3. Habiter le voyage, son corps qu’on transporte d’hôtel en hôtel, toujours soi mais jamais tout à fait la même.
  4. Habiter des rives incertaines et mouvantes. Nomadisme urbain, étudiante qui déménage quatre fois la même année, au gré des colocations, des appartements qui vont être vendus, des écoles qui s’achèvent, des invitations et des refus. Habiter résumé dans quelques sacs qui tiennent largement dans une voiture
  5. Détricoter la vie de la mère et du père, choisir la mémoire à venir, délimiter les souvenirs, faire des coupes franches en vidant la maison familiale. Se brouiller pour des assiettes, des horloges, couper les branches familiales qui ne s’accrochaient qu’à l’héritage. Vendre, jeter, ne pas nourrir de regrets, se tenir loin des émotions.
  6. Le domaine du grand Meaulnes, le chercher sur une carte, le chercher dans des musées, interroger des guides. Croire avoir trouvé cette maison, grande bâtisse bourgeoise à la lisière de la forêt, fenêtres condamnées, un peu plus loin les restes d’une chapelle. Chiens méchants des gardes qui grognent en vous apercevant. Vous prenez une photo et vous déguerpissez.
  7. Habiter un tableau, inscription de sa couleur intérieure, sans mots, c’est soi dedans. Chez soi sur la toile. Apparition, mise en lumière, habitation en Figure F.
  8. Habiter une page blanche qu’on noircit, se ressembler ou pas, écrire soi, interpréter le monde, composer, ordonner, faire sa maison de mots.
  9. Par des odeurs qui surgissent au hasard, se tenir devant la bibliothèque du grand-père, s’asseoir sur le petit tabouret dans l’atelier de peinture de la grand-mère, y demeurer au présent.
  10. Habiter son corps, habiter la mer en nageant, habiter le paysage en marchant ou en le contemplant, faire un, unité dans l’univers, poussière terrestre et mentale dans le grand ensemble.

#anthologie #04 | se tenir quelque part

Tenir quelque part sur la terre. J’ai l’impression que tenir s’emploie pour défendre une place forte. J’ai du mal à identifier si la terre est du côté de l’abri ou de l’assaillant.  Je ne veux pas tenir. Souvent je nage dans mes lieux plutôt que je les habite. Je respire une fois sur deux. Je me déplace d’un bord à Continuer la lecture#anthologie #04 | se tenir quelque part

#anthologie #04 | habiter son corps

La danseuse récite la poésie du corps dans des mouvements inexplicables. Les doigts du virtuose parcourent le manche du violon, les uns courant après les autres comme des enfants dans un jeu de sauts, d’arrêts, de tremblements. Jusqu’au plus petit d’entre eux allant chercher dans une extension extrême la note la plus aigüe, et mourir sous l’impulsion des vagues de Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter son corps