#40jours #double | entre deux eaux sombres

J’arrive au milieu du pont, exactement-là où on m’a indiqué. Depuis longtemps, j’ai arrêté de venir avec un bouquet ou une de ses fleurs préférées. J’empoigne le parapet d’acier, j’avance le buste et je me penche au-dessus des eaux sombres. On ne voit rien. Pourtant je le sais, on me l’a dit, ils sont là. Ils sont là ces gros Continuer la lecture#40jours #double | entre deux eaux sombres

#40 jours #37 | Au pont

Pourquoi ? Pourquoi remuer ça encore ? Pourquoi ne pas tourner la page comme les autres ? Ils ont dit on oubliera pas, impossible, jamais, mais continuer à vivre, à survivre. Pour toi, non. Tu sais exactement où. Ils t’ont indiqué, montré. Au début, avec un bouquet ou une fleur de ses préférées et puis, ces regards sur toi, leurs regards d’eux dégoulinants Continuer la lecture#40 jours #37 | Au pont

#40 jours #32 | éclats

Des cheminées s’abattent. Il dit que les murs penchent. Une calèche et le bruit des sabots sur le pavé. Leurs yeux aux lueurs dans le froid d’une rue avec la devanture à joujoux. Au bout de ses doigts les petites flammes font long feu. Le grelot d’un traineau. Un corps d’enfant dans la neige. Un chapelet de rats et des Continuer la lecture#40 jours #32 | éclats

#40jours #23 | elle marche, elle hurle, tout droit

Elle marche.Elle marche tout droit dans l’aube grise de ma ville. Dans l’aube grise de ma ville, personne ne semble la voir. Personne ne semble la voir parmi les rares passants qu’elle traverse, cette petite gosse perdue dans ses vêtements avec ce poisson qu’elle transporte. Ce poisson qu’elle transporte serré tout contre elle, il a de gros yeux jaunes. Ces Continuer la lecture#40jours #23 | elle marche, elle hurle, tout droit

vers écrire un film #02 | le gravissement, le fleuve, et le vent

extérieur jour | au pied d’un escalier | quatre pieds de dos montent | quatre | deux dos | jour | elles | lentes | gravir les pierres | elles deux | silhouettes | on voit des pieds aux têtes | une tête couverte d’un bonnet ou bien c’est un béret  (elle ne voulait pas de béret; on ne discute Continuer la lecturevers écrire un film #02 | le gravissement, le fleuve, et le vent

vers un écrire/film #1|2 muette

C’est l’écoulement d’un fleuve et le vol d’un oiseau à rebours. C’est le ciel gris blanc en jour plat. C’est une silhouette sur la berge — une robe flotte — pieds nus il semble et marche à rebours du courant comme l’oiseau vole. C’est une charogne — un chien loup peut-être — ;  c’est un arbre déraciné; un bidon, une bâche… Continuer la lecturevers un écrire/film #1|2 muette

#L7 | Sous les pirouettes, Héraclite

Mais où donc avais-je la tête ? Et comment l’on se retrouve la tête à l’envers, pendu par les pieds, entravé par les tisses imaginées sans comprendre qu’elles nous mettraient en cage, forcément, à force de tirer dessus. L’écriture est un ridoir. Et s’oublier dans l’épissure n’est pas la voie la plus pertinente. Un livre, un truc, un fleuve L’idée Continuer la lecture#L7 | Sous les pirouettes, Héraclite

L#3 Voix de garage

Sortir de la gare fatigué essoufflé transpirant suant poussiéreux ayant soif et ayant faim ayant envie de pisser laisser à gauche la gare routière contourner les travaux sur la place par la droite continuer dos à la gare pour prendre l’avenue en direction du fleuve et de l’autre côté du fleuve les montagnes austères assombrissant le ciel, traverser la rue, Continuer la lectureL#3 Voix de garage

Traverser la rivière

Écarter les hautes herbes aux libellules furtives, fouler la vase et s’élancer dans les flots sombres filant au Confluent vers les eaux larges qui charrient les branches de la nuit d’orage dans le courant     sa force     ne pas lutter contre    mais étirer son corps dans l’oblique des flots sombres que la pluie a gonflés jusqu’à la langue de terre entre Continuer la lectureTraverser la rivière