#enfances#05 I Surgissements

Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille. Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts. Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de Continuer la lecture#enfances#05 I Surgissements

#enfances #05 | Tesselles

Des tesselles du passé dénicher une collection de grains de vie sur une carte d’intensités, le tout recousu de fils dorés. Oscillation du petit tamis, en mouvements vifs et horizontaux, pour séparer les gros grains des petits, puis les doigts sur ce front de sable doux, et plus tard le nommer geste d’ange. Vers l’amont, vers l’aval de la rivière Continuer la lecture#enfances #05 | Tesselles

#enfances #05 | choses qui ont suscité émerveillements

La première girelle mâle, récent ou non, décrochée de la palangrotte et tenue au creux de la main et ses couleurs si belles qu’on la garde un peu sans la poser dans le seau. L’eau qui s’écoule dans la rigole quand à l’heure prescrite on soulève la petite plaque de métal pour arroser une parcelle. L’entêtement d’une fourmi à contourner Continuer la lecture#enfances #05 | choses qui ont suscité émerveillements

#enfances #04 | Les jeux du corps

Là où les mots ne peuvent être entendus, le corps exulte. Une fillette. Aussi transparente qu’une larme. Ses yeux fouillant les regards perdus au-delà de sa présence. Ce corps, son corps, entend, ce corps, son corps, voit, goûte, sent, touche. Mais ce corps – son corps, cette fillette, elle, moi – n’existe pas. On ne l’entend pas. On ne le Continuer la lecture#enfances #04 | Les jeux du corps

#enfances #04 | engloutissement

Laisser venir, laisser se construire (je parle du souvenir des choses), laisser les sens dire l’histoire. Le goût dans la bouche, l’odeur du grenier. Oui ça se passe dans le grenier. La maison de bord de mer étant louée de juin à septembre, la famille déménageait au grenier tout en conservant l’usage de la cuisine. Une porte la séparait du Continuer la lecture#enfances #04 | engloutissement

#enfances #04 | l’oreille

Un bonjour tonitruant dans le couloir, les retours de classe, les pas dans le couloir vers les chambres d’enfants. Tourner avec précaution la tête, appuyer joue gauche sur le drap, faire face à la porte, le bec de cane remue. Entrouvrir paupières, juste une fente, regard filtré par les cils, bouche un peu ouverte comme quand on dort. Une tête, Continuer la lecture#enfances #04 | l’oreille

#enfances #03 | épinglée

Epinglée, chassée, voilà ce que l’on fait aux souillons. L’index dressé de la toute puissance a tranché, choisi le châtiment. Mademoiselle m’attrape par le col pour accrocher avec une épingle anglaise le cahier où l’irréparable a été commis. Épinglée, chassée, condamnée à toquer aux différentes classes pour montrer la tâche, le trou, ce qu’il faut surtout ne jamais faire. Pourtant Continuer la lecture#enfances #03 | épinglée

#enfances #04 | confiance

Tenir l’enfant dans les bras. Avec tout l’abandon que lui donne une forte fièvre venue dont ne sait où. Sa fragilité ainsi offerte. Ne pas pouvoir poser l’enfant nulle part. Respirer son souffle. Le guetter avec angoisse. Espérer un mieux.. Toucher le front à intervalles réguliers. Sursauter à chaque quinte de toux épuisante. Vouloir soulager. Être inefficace. Sentir l’enfant rechercher Continuer la lecture#enfances #04 | confiance

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture

#enfances #01 | Madame Janvois

Madame Janvois Assise derrière la machine à coudre de Grand mère qui est intégrée à la table. Singer, en belle écriture anglaise dorée sur fond noir. Le ronronnement de la machine ressemble à un bruit de wagon. Je suis fascinée par ses bras nues en plein hiver. La chair pend en rideau et tremble un peu quand elle fait glisser Continuer la lecture#enfances #01 | Madame Janvois