#gestes&usages #02 | Sursauts

Au final, ça n’aura été qu’un sursaut, une secousse. Un frisson, convulsif et violent. Un haut-le-corps. Trois petits tours de quelques mois, autant dire trois petits jours et puis… la levée. Sur le pont de pierre d’un petit cours d’eau, au milieu des arbres. Pour eux après… les journées, le travail… continuer… les activités d’avant, mais après… après ces trois Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Sursauts

#Gestes&usages #02 | corps en marche vus de dos

On les aurait suivi alors il y a environ soixante-dix ans elles quatre et le petit post-scriptum, comme je suivrais maintenant dans les rues de cette ville un peu plus éloignée de la mer, cette vieille femme pliée sèchement en son mitan en deux rectangles de tailles différentes à quatre-vingt-dix degrés appuyée sur une canne verticale comme les jambes et Continuer la lecture#Gestes&usages #02 | corps en marche vus de dos

#gestes&usages #02 | déséquilibre

Quand il vient au monde, personne n’a idée de ce qui va se passer. Il a l’air d’un bébé normal, tète avec ténacité, se redresse comme les autres bébés. Il dort peu, c’est vrai, semble ne pas réagir à son nom mais ça n’interroge personne. À six mois il rampe comme un petit animal. Brusquement il s’arrête, tripote un caillou Continuer la lecture#gestes&usages #02 | déséquilibre

#gestes&usages # 01 | impressions d’un autre temps

A lecture de La Honte, je m’interroge. Qu’est-ce que cette lecture a convoqué ? Maintenue dans l’enfance, souvenirs de gestes, d’attitudes d’un autre temps. Les images se succèdent. Je ne m’en plains pas. Au contraire, j’apprécie d’aller creuser dans ma mémoire (voyage presque archéologique). Je ne pensais pas me souvenir de grand chose. Et pourtant, en vrac, ça remonte.Le gras des Continuer la lecture#gestes&usages # 01 | impressions d’un autre temps

#gestes&usages #01 | Au petit pont de pierre

À cause de la vibration de soleils pris dans la trame d’ombre tremblante, une contraction fit vaciller l’espace, les feuillages se replièrent et elle se trouva allongée sur le petit pont, sourde, muette, et pour un peu aveugle. Mais la fraîcheur du pont sur sa joue, gros bloc de pierre relativement lisse, fissuré, cassé par endroits, sous la main la Continuer la lecture#gestes&usages #01 | Au petit pont de pierre

#gestes&usages #01 | en dépit du bon sens

À cause de la couleur incertaine du lichen, cette substance chevelue d’un gris pâle, gris de cendres froides, qui s’échevelait sur les branches basses des pins dans cette forêt d’enfance, j’imaginais des histoires de fées, ou plus exactement de sorcières ou d’êtres maléfiques surgissant du fin fond des bois, ou s’élevant sans bruit — telle une vapeur entortillée s’extrayant de Continuer la lecture#gestes&usages #01 | en dépit du bon sens

#gestes&usages #01 | Avant la nuit

A cause de la couleur des draps, déjà jaunis par d’autres avant moi, du bleu glacé des barrières métalliques qui encadraient mon lit, de la pâle procession de blouses blanches venues écouter un cœur dont on osait rien dire, et bien qu’à peine embarquée sur le grand navire, la vie se dérobait, silencieuse. Mais il y avait ma mère, fidèle Continuer la lecture#gestes&usages #01 | Avant la nuit

#gestes&usages #01 | Toulon, rue Mireille,  en 1952 ou 1953

A cause des couleurs qui doivent rester sages et assorties aux saisons : le bleu clair pour l’été, marine pour l’hiver et le duffle-coat…robes en  blanc uniquement pour les vichy d’été  | et là on a droit au vert ou au rouge pour alterner  avec le blanc | ou les chemises à col Claudine, et les écossais des jupes plissées Continuer la lecture#gestes&usages #01 | Toulon, rue Mireille,  en 1952 ou 1953

#gestes&usages #01 | blanc

À cause de la couleur de la neige que je voyais au loin découper l’horizon de ces trous dans l’espace derrière lesquels je retrouvais le mur du plafond de ma chambre d’enfant aussi immaculé que l’était mon absence de ce monde que je ne comprenais pas mais la masse sombre du tapis des forêts mais la musique s’échappant du magnétophone Continuer la lecture#gestes&usages #01 | blanc

#enfances #09 I Que la lumière soit

C’est depuis cette chambre que la lumière révèle son épaisseur. Elle se glisse au petit matin entre les lames des persiennes orientées plein Est et va rayer l’édredon grenat d’un lit deux places. Sous ce lit, là où elle ne peut encore trouver où se poser, dorment, parmi les moutons et les livres, les monstres invisibles avides des cauchemars d’enfants. Continuer la lecture#enfances #09 I Que la lumière soit