autobiographies #03 | arbre de A.

Photo : Jérôme Cé, novembre 2021, tous droits réservés Je n’offre aucune ombre, je suis l’ombre, cette ombre qu’on dit insane. Passez votre chemin ! Mes feuilles larmes sont tombées, sèches, depuis loin. Pliez vos mouchoirs ! La taille de mon tronc vous écrase de toute sa contre-plongée. Alors, s’il vous plaît, laissez tomber vos haches et vos cognées. Ma circonférence séculaire Continuer la lectureautobiographies #03 | arbre de A.

#L13 | quatrième de couverture.

Version de départ : Une ville et son port en déclin, accrochée au-dessus de l’océan. Un homme à l’allure de gratte – papier débarque. Il revient. Il revient pour la retrouver Elle, une dernière fois. Il revient comme un fugitif. Mais personne ne l’a oublié. Il semble sur ses gardes mais ne réalise pas combien il est attendu. On le laisse, Continuer la lecture#L13 | quatrième de couverture.

autobiographies #02 | la femme de Paul et autres figures

1– La femme de Paul Ils disent : « c’est le portrait de Michèle Morgan », ce sont les yeux: « elle a de beaux yeux ». Des jambes interminables qu’elle montre. Châtain très clair ou blond foncé naturel. Grande pour l’époque, une silhouette de mannequin : petit 40 dans le haut et grand 36 dans le bas; sa forte poitrine rarement découverte. Le grain de beauté qu’elle Continuer la lectureautobiographies #02 | la femme de Paul et autres figures

#P7 | Un rien d’île

Invisible au lever du soleil — rien d’elle n’existe à l’horizon, là où ciel et mer s’attouchent, se pénètrent parfois, se confondent souvent — rien d’elle, rien d’île, à l’exception de ces jours rares où le soleil se lève au 110 et la projette alors un court instant — un mirage — bref miracle Absente encore, longtemps dans la journée Continuer la lecture#P7 | Un rien d’île

#L6/ Semaine Kafka

Il ressasse. Il ne peut pas ne pas penser à elle. La fatigue mentale que ça représente, il l’ignore ou plutôt, en colère contre lui, il l’accepte. Il a d’abord voulu comprendre, trouver le moment faille. Cet instant où sa faillite à lui a commencé. Sa déroute. À rebours de tout ça, la quête du début de la fin. Il Continuer la lecture#L6/ Semaine Kafka

Résonance

Baudelaire, le seul mot qu’il suffisait de prononcer en cas d’urgence quand nous étions en mission à Paris. Ceux qui éventuellement pouvaient nous écouter s’efforçaient immédiatement de décrypter le code. Cela n’avait aucune importance. Les décrypteurs n’avaient aucune chance. Baudelaire n’était pas un mot codé. Il désignait simplement ce dont nous avions besoin dans une situation extrême, en cas d’exfiltration Continuer la lectureRésonance

personnages#10, Gertrude Stein, le portrait par deux

Il l’épouse elle. Elle se marie avec il. Il lui fait un enfant. Elle lui donne deux filles. Il travaille avec elle. Elle travaille avec il. Il veut travailler pour elle et les enfants. Elle veut travailler pour il et les enfants. Il fait des crédits. Elle l’entend au téléphone avec la banque. Il achète les bestiaux. Elle les trait Continuer la lecturepersonnages#10, Gertrude Stein, le portrait par deux

personnages#2, Saint John Perse, une généalogie au féminin

Celle qui a crié « Vive la République » avant d’être jetée du pont où passait l’Empereur. Celle qui au retour de l’école s’arrêtait très souvent dans la nuit du petit chemin pour frapper très fort entre eux ses sabots. Celle qui s’occupait des vieilles à l’hospice. Celle qui me regarde depuis le fond du XXe siècle avec ses cheveux coupés très Continuer la lecturepersonnages#2, Saint John Perse, une généalogie au féminin

Un beau visage (esquisses)

Née de ce mot : elle. Et de cette rime : belle. Se débrouiller ensuite pour lui coller un visage. ****** Un beau visage, est-ce que ce serait un visage lisse, régulier, sans aspérité ? Est-ce que ce serait ennuyeux à mourir, un beau visage ? Serait-ce un visage ouvert à quelques taches de rousseur, à un grain de beauté ? Un peu de fond Continuer la lectureUn beau visage (esquisses)

celle qui un jour a posé son regard dans le vide

Celles qui encore allaient au lavoir, battaient, brossaient, rires, sueurs et prières pour ceux qui s’en sont allés dans les campagnes. Celles qui encore allaient à l’église le dimanche en grimpant le San Pedrone du hameau vers le village. Celles qui encore parlaient le corse dans leurs longues jupes noires a funtana. Celles qui par deux fois ont été veuves. Continuer la lecturecelle qui un jour a posé son regard dans le vide