#anthologie #06 | échos

Je suis moi par décomposition comme une piscine vide qui se souvient de celle qui nageait et volait, comme la pensée d’une trace de pas mouillé. Comme les gorges creusées par la rivière ouvertes aux vents qui la traversent, comme la brindille perdue qui s’affole. Comme une oasis dans un désert qui aurait perdu sa magie, engloutie par le sable, Continuer la lecture#anthologie #06 | échos

#anthologie #02 | Ce n’est pas possible.

Il est au milieu du pont c’est chez lui il est au milieu d’une flaque d’eau il pleut il semble marmonner et au-dessus du sourcil gauche le sang coule il a une tête on dirait d’étranger mais pas tant que ça il est un peu recroquevillé sur lui-même c’est la nuit une nuit brillante mais ciel noir à sa droite Continuer la lecture#anthologie #02 | Ce n’est pas possible.

#versuneécopoétique | désordre(s)

Néguentropie  Bouquet de leur mariage, lourd vieux fer à repasser, tisanière-théière qui maintient au chaud, soupière ébréchée, pot à tabac, angelot doré à la feuille, bougies parfumées, diffuseur d’huiles essentielles, support d’éprouvettes, grande plume d’oiseaux, coq en forme de balle de golf, surmulot en plastique, lampes Berger, thermostat du chauffage : la liste est longue de ces objets dont je Continuer la lecture#versuneécopoétique | désordre(s)

#gestes&usages #02 | Bottes mouillées dans l’herbe molle.

Les pieds dans l’herbe molle, dans la terre gonflée, éponge que les semelles pressent. Un bruit animal bouscule la futaie. Bottes mouillées dans l’herbe molle, la terre colle, les genoux peinent à soulever les talons dans un bruit de succion. Les bras balaient large, prennent d’amples appuis sur l’air ; le souffle est court. Un cavalier à pied se détache de Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Bottes mouillées dans l’herbe molle.

#enfances #04 | cloaque

Et ça ne faisait rien, pourtant : un cloaque. Comme jouer sous la pluie avec le seau plein de terre : non ce n’est rien. La boue sortie d’un coup ( Et la montagne qui se dresse acérée se penche et rit)… Non ce n’était rien … : on allait tout changer, on n’y verrait plus rien : on va tout Continuer la lecture#enfances #04 | cloaque

#été2023 #09bis | Arrêter le temps

Devant mon évier pour finir la vaisselle, mon gâteau au yaourt au four, je laisse l’eau couler sur mes mains. Ce n’est pas tant l’envie de pleurer, qu’une lourdeur dans la poitrine et dans la gorge qui me rend lente et comme absente, l’envie de revenir à des choses élémentaires, primaires, l’eau qui coule. C’est tout. Rester là parce qu’au Continuer la lecture#été2023 #09bis | Arrêter le temps

#Faire un livre #Prologue Rivières et ravines

J’ai demandé à Tonton Odilon de me raconter les rivières. Nous sommes seuls dans la maison à Bergette. Lui dans le jardin, moi dans mes cahiers. Nous parlons peu. Le chat Féfé dort à mes pieds. Tonton Odilon dit que les chats ça guéri. Il faut le laisser et ne pas le chasser. Est ce que j’ai besoin de guérison? Continuer la lecture#Faire un livre #Prologue Rivières et ravines

#Été2023 #02-bis | faire allégeance

Le gardien de la porte est un très vieux noyer. Perché au bord du chemin, il se penche vers vous et vous glisse à l’oreille des mots bas et feutrés de bibliothécaire qui vous admettent dans le lieu, vous chuchote à voix basse les recommandations d’usage, les formules rituelles de bienvenue chez les arbres qui parlent du papier, des encres Continuer la lecture#Été2023 #02-bis | faire allégeance

#02 bis #Jokari | impuissance

Cinq heures. Jacques a dit lève – toi . Thé noir et taie de cornée. Le rêve (aussitôt oublié) est une idée de tombeau. Voir blanc. Y aller à l’aveugle. Sans bouger longer le fleuve. À rebours donc : le quai . Ses pavés, ses eaux : tremblement d’écume et plumes de surface : pigeon vole et pigeon mort. Quelques bicyclettes, même un bébé Continuer la lecture#02 bis #Jokari | impuissance

#été2023 #00 | C’est un hiver

C’est un hiver, elle marche dans la ville, elle marche dans la ville une nuit, elle regarde longtemps l’eau grise. Cette eau grise, elle résonne en elle, elle résonne profond. Elle est venue là, elle est venue là au bord du pont, avec ses pensées, ses pensées en elle qui tournent, brassent, la remuent comme les poissons aux gros yeux Continuer la lecture#été2023 #00 | C’est un hiver