#anthologie #13 | Studio Decanis (3983 signes)

Les fillettes qui entrent en collants rose, en justaucorps et en chignon tiré, ont une démarche en petits pas, presque sur la pointe des pieds. L’hiver elles ont enfilé un blouson par-dessus leur tenue de danse, l’été on aperçoit leur épaule nue où se suspend la lanière de leur sac de toile. Elles poussent la porte vitrée, montent l’escalier en Continuer la lecture#anthologie #13 | Studio Decanis (3983 signes)

#anthologie #04 | habiter son corps

La danseuse récite la poésie du corps dans des mouvements inexplicables. Les doigts du virtuose parcourent le manche du violon, les uns courant après les autres comme des enfants dans un jeu de sauts, d’arrêts, de tremblements. Jusqu’au plus petit d’entre eux allant chercher dans une extension extrême la note la plus aigüe, et mourir sous l’impulsion des vagues de Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter son corps

#anthologie #02 | danse – salle de spectacle un soir de première

Musique de Pierre Boulez, Sur incises, pianos, harpes et percussions-claviers. Elle serait assise sur un bloc de pierre blanche, les pointes de pied sur le sol, la tête penchée en avant et les bras dans le dos tendus vers le ciel. Elle aurait les cheveux retenus dans un chignon serré qui n’en laisse dépasser aucun, les muscles noués du dos Continuer la lecture#anthologie #02 | danse – salle de spectacle un soir de première

#gestes&usages #04 | Tango

Un peu de peau, une égratignure, rien du tout. Rien qui l’oblige à abdiquer de son quotidien. Le gros orteil gauche est douloureux. Comme il en parle on pourrait croire que tout l’ongle a été arraché. Je l’écoute au téléphone et je pense au géant aux pieds d’argile, au talon d’Achille. Je pense : Lébène vacille. Il explique que sa Continuer la lecture#gestes&usages #04 | Tango

#enfances #01 | Sarraute & M.Bilit

Madame Artaud avait les cheveux jaunes, coiffée, manucurée, maquillée à la perfection, elle savait y faire pour être belle. Elle ne ressemblait pas à ma mère, ni à aucune autre mère de la cité. Avec sa fille Amélie nous l’attendions dans leur pavillon en face du bâtiment A. Monsieur Artaud, petit homme à la moustache noire, avait gagné cette maison lors d’un concours organisé par le Journal Continuer la lecture#enfances #01 | Sarraute & M.Bilit

#été2023 #07 | Le corps d’Ornella

« Des membres jetés sur la scène, donnés en spectacle. Le dos, à l’ossature saillante, lance ses fesses en l’air. La tête abandonnée sur le parquet semble pouvoir rouler loin du fatras de son corps nu. Son visage se refuse aux regards. La lumière découpe son corps en morceaux solitaires. Une épaule contre le parquet et les genoux ramenés sous Continuer la lecture#été2023 #07 | Le corps d’Ornella

#été2023 #04bis | Terre battue

1 – Dans la nuit de samedi à dimanche j’ai dansé le gwoka. J’ai dansé toute la nuit dans le lewoz de Philippe Badine. Il possède un restaurant qu’il a baptisé le Mahogany parce que le petit ajoupa qu’il y a planté pour recevoir ses clients à ses débuts, était adossé à un Mahogany. Ce qui a commencé comme une Continuer la lecture#été2023 #04bis | Terre battue

#été2023 #03bis | Gwoka

4 au minimum. Avec 2, ou 3 ce ne serait pas pareil. Ce serait autre chose. Personne à ma connaissance n’a décrit la danse gwoka comme un jeu. Si je devais me tenir devant une assemblée et l’expliquer, les mots se bousculeraient pour sortir de ma bouche, comme les pensées pour sortir de ma tête, tout dans le même temps. Continuer la lecture#été2023 #03bis | Gwoka

#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

Comme je le disais, ma mère nous laissait quasi nues ma sœur et moi. Les enfants jouaient, garçons en slip et fillettes en culotte, dans la campagne de Bergette, encore au milieu des années 70. Ils couraient dans les chemins en tuf pour cueillir des goyaves et des mangues quand c’était la saison. Ils n’avaient pas peur des bœufs qui Continuer la lecture#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

#progression #02 | la danseuse

Parquet lisse, trop lisse. Ça glisse. Trop. Il faut la colophane. Etaler en couches successives, là où ça glisse. Ne pas frotter, ne pas ramper, ne pas essuyer le surplus, garder une couche suffisante. Dessus les chaussons tiennent. Ils tiennent bon. Ils tiennent droit, debout les demi pointes, les pointes, bien enrubannées autour des chevilles. Le collant, dessous, amovibles, c’est Continuer la lecture#progression #02 | la danseuse