#anthologie #05 | d’après un homme porte son corps devant lui de Novarina

Souvent j’ai l’impression d’être là sans être là. Je suis assis sur une chaise de la salle de réunion de la mairie d’un village de Dordogne. Je participe aux échanges. Lors des débats, j’interviens à mon tour. Je répond aux questions, apporte des précisions sur tel ou tel dossier. Je suis là, mais mon corps ne l’est plus. Il a Continuer la lecture#anthologie #05 | d’après un homme porte son corps devant lui de Novarina

#anthologie #05 | terre

Et du corps devant soi je parle. Mais je dois écarter d’abord l’écartement, car c’est une fausse idée. On ne peut rien écarter qui ne serve pas un jour ou l’autre, et il arrive toujours, ce jour ou l’autre. Je porte devant moi mon corps crampon, corps résiduel. Rempli de jouets invraisemblables. De renards pris au piège. De bracelets de Continuer la lecture#anthologie #05 | terre

#anthologie #05 | le corps d’Esther

Une femme porte son corps devant elle. Une vieille femme porte son corps plus jeune devant elle. Une vieille femme porte le corps d’Esther devant elle. Je veux l’aider mais je dois aussi porter mon corps devant moi. Mon corps plus jeune. Nous sommes deux à porter nos corps devant nous mais la vieille femme ne me voit pas. Elle Continuer la lecture#anthologie #05 | le corps d’Esther

#anthologie #04 | bouche

La première chambre dont je me souvienne possède, juste sous son plafond, une bouche d’aération, reliée à la chaudière installée au sous-sol pour nous chauffer l’hiver. Elle ressemble à une gueule. La nuit la gueule se réveille et je dois habiter près d’elle. Quand je me couche, elle fait semblant de rien. Elle attend le flottement. La zone où le Continuer la lecture#anthologie #04 | bouche

#anthologie #05 | Une femme d’immensité

Aux aguets. Du dehors et du dedans. Toujours. Ici, dans le bus. Là, dans la foule des grandes avenues. Mes bras, que d’autres disent démesurés, ne sont rien d’autres, lorsque je les étends, que ma zone de protection: il est interdit de dépasser cette limite. Ma tête s’insinue à l’intérieur des têtes de ceux que je côtoie, dans leur anonymat. Continuer la lecture#anthologie #05 | Une femme d’immensité

#anthologie #5 | vers soi

Il se tient à l’écart de lui-même. Lui-même ne se souvient pas de sa naissance. Si près de sa mort, n’est plus sûr non plus d’être l’ancien vivant. Si longtemps loin de lui, sa parole hors de lui, les mots perdus, inaudibles. Des années. Si longtemps, loin de lui. Je t’ai suivi longtemps. Tu courais dans la vie et je Continuer la lecture#anthologie #5 | vers soi

#anthologie #04 | habiter son corps

La danseuse récite la poésie du corps dans des mouvements inexplicables. Les doigts du virtuose parcourent le manche du violon, les uns courant après les autres comme des enfants dans un jeu de sauts, d’arrêts, de tremblements. Jusqu’au plus petit d’entre eux allant chercher dans une extension extrême la note la plus aigüe, et mourir sous l’impulsion des vagues de Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter son corps

#anthologie #03 | l’homme

L’homme était par terre, un corps long sale. Dès que je l’ai vu, dès que j’ai vu cet homme je me suis dit je vais le relever et je vais le prendre dans mes bras. Le prendre. L’emmener et le garder avec moi. Contre, je me disais. Le regardant cet homme je le pensais. Un homme je pensais en moi Continuer la lecture#anthologie #03 | l’homme

#anthologie | lieu de transit

# 0 – Prologue # 1 – Infinitif # 2 – La nef # 3 – La bonbonne d’eau # 4 – Habiter # 5 – Pousser le corps devant soi # 6 – Seule # 7 – Lumière # 8 – Paradis perdu # 9 – Coup de tête # 10 – Seul # 11 – Un retour dans Continuer la lecture#anthologie | lieu de transit

#anthologie #prologue | avec lui, je suis de nouveau née

Le bébé a joué sous mon poids, il est né, il a crié, j’ai souri, j’ai soufflé.   Je suis tombée dans la brèche de mon corps ouvert pour lui donner la vie. Il m’a semblé ne jamais pouvoir me refermer, j’étais faille dans la terre et sang qui coulait sur les rochers. Je me suis ouverte et je ne Continuer la lecture#anthologie #prologue | avec lui, je suis de nouveau née