#P5 | l’obscurité n’y peut rien

tempes battent jusque derrière la nuque l’obscurité n’y peut rien. pensées rongées. mâchoire durcie. le temps s’étale. voix blanche — on ne peut pas répéter ça n’a plus de sens. les dents claquent, le corps lourd pourtant tremble jusqu’au flou. les yeux figés le regard se vide. sous les dents, la tendresse de l’intérieur des joues. lèvres brûlées de salive Continuer la lecture#P5 | l’obscurité n’y peut rien

#P5 | La désorientation de l’accidentel

Cette sensation de passer à l’extérieur du temps, le sol de dérobe, perte de repères et d’équilibre, propulsé d’un coup au-delà de nous même, dans l’inconnu d’un état de glissement vertigineux. Il n’y a rien, pour le moment, qui nous menace — sauf que tout nous menace. Le corps tremble, le centre de gravité n’est plus le même. Tout nous Continuer la lecture#P5 | La désorientation de l’accidentel

#L3 | Ne pas croire les mots sur parole

Le père : Elle ne me voit plus, ne me regarde plus. Son sourire s’est effacé de son visage. Elle me fait la tête, me soutient ma femme qui pense que ça ne va pas durer. Dès que je lui parle elle se referme sur elle-même. Elle m’évite. Elle m’en veut. Nous n’arrivons plus à parler. C’est vrai que la Continuer la lecture#L3 | Ne pas croire les mots sur parole

#P3 | Dans la marmite de son ventre est un grand secret

Assiette : Ne pas être dans son assiette. Ne pas se sentir bien. Mes parents avaient un service d’assiettes décorées que leur avaient transmis mes grands-parents maternels. Des scénettes représentaient de manière naïve des enfants jouant au jardin, à l’heure du goûter, avec les fruits, les légumes, accompagnées de petites légendes humoristiques. Il y en avait qu’on préférait à d’autres. Continuer la lecture#P3 | Dans la marmite de son ventre est un grand secret

# P2 | Un cheveu sur la langue

Cheveux, chevelure échevelée part au vent, au vent les cheveux-chevaux dispersés. Cheveux longs, courts, cheveux bouclés, cheveux sont épais crépus lisses cheveux longs devenus courts, les cheveux coupés qui grattent dans le dos, cheveux doux, cheveux secs aussi, les cheveux gras mèches en paquets, les cheveux matière morte. Poils longs cheveux de princesse et cheveux qui n’ont pas de coupe, Continuer la lecture# P2 | Un cheveu sur la langue

Qui, elle ?

Elle arrive quelque part. Arriver et quelque chose dans son corps le porte, l’annonce. Elle est arrivée quelque part. Même si c’est momentanément. Même si c’est un endroit où la mort rôde. Juste en descendant du train en posant son sac à dos sur le quai, qu’elle sache où elle va ou pas. Un bref instant son corps l’affirme, elle Continuer la lectureQui, elle ?

Onde sonore

A contre-courant, tous les jours je longe ce bras à l’endroit où il forme deux coudes. Je ralentis le pas. L’onde sonore des clapotis irrigue une partition abstraite continue qui afflue dans ma tête, sans toutefois s’imposer. Je l’écoute doucement. Le remous palpitant s’étire, ralentit le temps, disperse les humeurs dans mon corps. Je regarde la surface. Une peau fine Continuer la lectureOnde sonore

Et presque dix ans plus tard

…et presque dix ans plus tard, toutes y pensent sûrement un peu, se souviennent que justement, c’était bien peu de s’arrêter à douze mais : elle n’est plus, est décédée, est morte, voilà l’enfance s’arrête et en plusieurs morceaux, leurs doigts jamais ne rassembleront la séparation déjà en amont ; « vous vous vivez les filles et vous devez vivre pour elle », interdits Continuer la lectureEt presque dix ans plus tard

Un sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Yamen L’enfance satine joues brunes et rondes, supportant sans peine regard de Méduse tagué en bleu. En son for intérieur, un sphinx se prélasse sur les velux d’un pavillon ; il pourrait briser le verre au moindre mouvement. Au bout de la rue couverte, il y a le klaxon. Résonnent murmures en bambara accordés aux pas qui n’évitent pas les flaques, Continuer la lectureUn sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Est-ce que j’invente ?

Rose et Jack Paris décembre 2019 Couple amoureux sur trottinette électrique, lui derrière l’enveloppe elle de ses longs bras emmanchés dans une veste trois quart en tweed brun, il dirige l’engin, elle a ses mains posées au milieu du guidon, son visage pâle est légèrement penché vers la droite, dans un abandon fragile, ils se déplacent lentement sur la piste Continuer la lectureEst-ce que j’invente ?