#anthologie #24 | le groupe apaisé 

Ils dormaient — et pour une fois ils n’étaient pas simplement allongés écrasés au sol voulant l’épouser  ne le pouvant mais ayant sombré en lui tout de même désireux de se perdre mais avec un rien de tension dans l’épaule ou le cerveau prêt à la défense, ils dormaient vraiment. Ils n’étaient plus là ou le monde n’était plus là Continuer la lecture#anthologie #24 | le groupe apaisé 

#anthologie #24 | gens qui mangent

Quelque part dans ma tête tout était parti des images du premier volet de la trilogie inquiète de Godfrey Reggio. Depuis Koyaanisqatsi je n’ai jamais pu manger dans un lieu public sans fixer mon regard sur la bouche, les dents, les gestes des gens qui mangent, portent la nourriture à leur bouche, mordent, arrachent, mâchent, avalent. Souvent une folle envie Continuer la lecture#anthologie #24 | gens qui mangent

#anthologie #10 | courir

À six ans elle écrit le mot ciel avec un s. elle tient son crayon de la main gauche, elle ne voit pas partir la gifle : après elle esquive. Un trois ou quatre de mai : elle nait – quatre sur les papiers, trois dit le corps de la mère– ; sur une photographie du salon on voit le visage Continuer la lecture#anthologie #10 | courir

#anthologie #03 | Ma brosse à dents

Ma brosse à dents. C’est un objet produit en série, j’aurais pu acheter celle qui pendait à côté, identique en tous points sauf peut-être rose, ou bleue, interchangeable elle était, quand chez moi elle ne l’est plus. Il en faut de l’amour pour supporter chaque jour une autre brosse à dents à côté de la sienne. Ma brosse à dents, Continuer la lecture#anthologie #03 | Ma brosse à dents

#écopoétique #01 #02 | désordre(s)

Néguentropie  Bouquet de leur mariage, lourd vieux fer à repasser, tisanière-théière qui maintient au chaud, soupière ébréchée, pot à tabac, angelot doré à la feuille, bougies parfumées, diffuseur d’huiles essentielles, support d’éprouvettes, grande plume d’oiseaux, coq en forme de balle de golf, surmulot en plastique, lampes Berger, thermostat du chauffage : la liste est longue de ces objets dont je Continuer la lecture#écopoétique #01 #02 | désordre(s)

gestes&usages #05 | derrière la porte

Derrière la porte Qu’on ne pousse pas tout de suite Hésitation parce que c’est neuf Et une seconde de courage à prendre Parce que c’est inconnu Soit deux secondes de battement Dans la main, creux de la paume sur la poignée, au rythme du pouls L’œil vérifie que c’est bien son nom sur la porte Son nom à lui On Continuer la lecturegestes&usages #05 | derrière la porte

#gestes&usages #03 | rêve 2

Ne te retourne pas comme ça, dit la femme à mi-voix à l’enfant ; on ne peut pas dévisager les gens … C’est quoi dévisager ? Fixer. Mais pourquoi elle a ça la dame ? Je me cherche dans la vitre du train, le gel fait vibrer la lumière, je vois une ombre et le paysage urbain, c’est beau cette tour qui rouille. Continuer la lecture#gestes&usages #03 | rêve 2

La mère

Les pieds trop grands chaussés de noir d’une pointure en dessous et marcher est une peine. La ride du front qui se perd sous les cheveux jusqu’à l’orifice crânien.  En son for intérieur un cercueil où sont couchés ses enfants jamais nés. De beaux habits brodés . Un chat lèche leurs yeux racornis.  C’est l’hospice. C’est l’hôpital. Où la clinique. Continuer la lectureLa mère

propos sur les bouches qu’on nettoie à la salive, les fémurs et les probablement mortes

c’est un propos de konstantin peterzhak . encore un . c’est extrait du volume 24 des propos qu’il tient au jour le jour à l’époque soviétique . cette fois c’est à moscou . dans la rue . dans le grand froid . tard le soir . cette fois c’est à propos de ses femmes et de ses hommes de cœur . des bouts de femmes des bouts d’hommes qu’il porterait en lui et qui l’auraient fait. c’est en réponse à ce que vient de dire olga bouchoueva . son amie et collègue olga bouchoueva . une fois de plus c’est georgy flyorov qui transcrit . une fois de plus il est impossible de dire ce qui revient à peterzhak ce qui revient à flyorov . la part de réel la part d’invention . c’est une galerie de portraits . le titre est de moi . le volume 24 s’intitule quant à lui CONSIDÉRATIONS SUR LE NEZ DES CHIENS ET LE NEZ DES RATS . ce titre est de flyorov . il rapporte un voyage officiel à moscou . un voyage en voiture . konstantin peterzhak n’arrêtant pas de dire . comme à son habitude . konstantin peterzhak tenant des propos . comme à son habitude . c’est au retour à l’instant de rentrer à Dubna qu’il dit . Continuer la lecturepropos sur les bouches qu’on nettoie à la salive, les fémurs et les probablement mortes

Cul-de-poule

J’aspirais très fort, les lèvres crispées – « comme si tu avalais la feuille ! » avait dit R., elle riait, je pensais à l’expression « en cul de poule », quel dégoût. Même les mots : agglutinés par le tiret, visqueux rivés. Trop près. Il aurait fallu recracher les plumes presque, une nausée âcre, l’odeur la honte, mais déjà le papier collait à ma bouche. Continuer la lectureCul-de-poule