Derrière les silences, ton corps au jardin ne sommeille jamais, il fixe et s’immobilise face au levant, il voit ceux qui jouent les partitions hautes, puissants de cris, alors de toi pour toi saisir il faut pencher l’oreille, tourner autour de la scène, faire un pas de côté, te retrouver dans les broussailles du son, séparer ce qui fait voix de ce qui vibre au fond de l’aube, se déranger, s’amplifier sur la pointe des pieds, rentrer dans le tunnel, condamner la porte, poser la barricade, tendre un verre de rhum, assommer les gardiens, faire semblant de dormir, ramper dans la colonne d’air, ne pas souffler, être un cil battant sur le jour, décliner comme un sacre décline, baisser la tête, le ton, la nuque, isoler chaque demi-bruit, ronronner son grondement de chat, bâiller sur le drap, rentrer les griffes, les yeux ouverts dans le halo d’une lampe-tempête, la brisure du chant fondu au soleil sur la pierre, arizona dream, fièvre amputée de sommeil, le poids du désir dans le battement étrange du tympan, sifflement d’ombres, et soudain le micro, rapproché près du ventre, éloigne le brouillard, fait lever d’un coup la brume aux sarcophages, et tu retiens par la main ce tempo de pieds nus sur la plaine, un pied nu juste après l’autre pied qui devance, à suivre ce tempo de pied l’un après l’autre, les marches longues, ethniques communautaires, peuplées de voix régies du sol, qui montent aux chevilles jusqu’à la bouche, elle qui sait dire et parle en tête son verbe de pieds nus, traçant au charbon noir, un long sentier le long du cœur.
Époustouflant… où est-on et pourquoi ? comme un montage de clip ou plutôt les emballements d’une composition de jazz, bref, beaucoup de sensations dans cet arrière du silence,
cette si juste perception… merci Catherine, voodoo sister
Où est-on comme écrit Catherine ? Se le demander tout le long, saisir une piste et y croire quelques phrases, puis bifurquer à l’affût tout du long, ce chemin étrange que tu traces avec ce texte où le son guide. Merci, Françoise, de ce beau voyage hors des sentiers battus.
merci, très touchée Anne ! l’expérimentation m’a déjà quittée, et dès lors s’offre vivante à la lecture, nouvelle déambulation pour chaque nouvel oeil … i enjoy your texts so much !!
Je ne dis pas mieux qu’Anne et Catherine — est-on agent secret ou fugitif, chat, courant d’air ou pointe dans le microsillon pour ressentir à la fois tout cela ? Transportant
le microsillon, c’est tout à fait juste, une danse circulaire
Cette « parole au verbe de pieds nus » invite à vivre ces silences dans leurs vibrations foisonnantes. Merci Françoise.