Sous quelle étoile suis-je né ?
J’en suis encore à me le demander
Je chercherai peut-être encore
Lorsque sonnera l’heure de ma mort…
De quels rêves suis-je née ? Ai-je été rêvée ? De quelles pensées suis-je née ? Ai-je été pensée ? De quels désirs suis-je née ? Ai-je été désirée ?
Est-ce j’ai été choisie ? Y-avait-il un autre choix ? Est-ce que je suis un premier choix ? Est-ce que je suis née par hasard ? Est-ce que je suis une surprise ? Est-ce que je suis une bonne surprise ? Est-ce que je suis une mauvaise surprise ? Est-ce que j’étais attendue ? Est-ce que j’étais prévue ? Est-ce que c’est bien moi qui était prévue ?
Je décide que vous aviez bien réfléchi. Je décide que j’étais votre projet. Je décide que vous étiez prêts. Je décide que vous m’attendiez. Je décide.
J’étais ovule fécondé, zygote, en silence, en secret. Je me suis collée à cette paroi, accrochée. J’étais placenta. J’étais embryon. J’étais reliée. Je me suis nourrie de ce cordon. Je me suis divisée. Je me suis multipliée. J’ai fait gonfler ce ventre. Progressivement, lentement je l’ai déformé. J’ai pris plaisir à étendre mon territoire, à gagner mon espace. Je me suis divisée. Je me suis multipliée. Chaque jour j’ai pris plus de place. J’ai fait entendre les battements de mon cœur. Est-ce que j’ai entendu les battements de mon cœur ? J’ai flotté dans cette bulle. Je me souviens. Mon corps se souvient de ce flottement. Mon corps se souvient de la légèreté. Je me suis divisée. Je me suis multipliée. J’ai bougé. Je me suis cognée contre cette paroi molle. Je m’y suis frottée. J’ai dessiné sous sa peau la forme de ma main, la forme de mon pied, la forme de mon dos. J’ai senti vos mains me caresser. J’ai entendu vos voix. Est-ce que j’ai compris vos paroles ? Moi je savais déjà.
J’étais prête à l’aube. Attirée. Expulsée. Extirpée. J’ai aspiré. J’ai respiré. J’ai chassé l’eau de mes poumons. Mon corps glissant, mon corps mouillé, mon corps saisi, déplié, replié. J’ai entendu crier. Est-ce que j’ai crié ? Mes yeux ouverts, j’ai vu des ombres.
Est-ce que vous aviez une préférence ? Une préférence avouée, une préférence cachée, vous ne vouliez pas savoir, vous ne pouviez pas savoir. J’ai deviné ce qui n’était pas dit. J’ai senti les larmes couler. Je décide qu’elles étaient de joie. Je décide. Une fille voilà.
L’enchainement des questions au début du texte donne le ton.
« Je décide » coupe toute tergiversation comme s’il fallait être sûre. Serait-ce de ces petits arrangements qui font avancer ?
Une vraie question! Merci Cécile
C’est beau ce dialogue, ces questions sans réponses ou qui se répondent d’elles-même. Et ce Je décide. Ecrire pour se réinventer.
Merci
Merci Françoise
Touchée aussi par ce « je décide ».
Merci Perle.
Je décide . Ouvert . Ouvrant. Vivant. Merci Isabelle .( Et d’être la première à creuser le passage d’avant 40 J )
Oui toutes ces questions du début ( que l’on se pose tous) et ce Je décide qui claque!
je décide oui… et d’ailleurs si les questions sont sans réponse, si jamais aucune allusion même en disant que la surprise répondant au non désir a été bonne finalement, c’est que désirée étiez
ou que vous l’avez fait oublier
Toutes ces questions dont on sait qu’elle sont sans réponse mais que le simple fait de poser permet de construire la réflexion. Et oui, ce « je décide » qui fait exploser la bulle. Qui ouvre l’horizon, qui ouvre l’existence. Merci Isabelle.
Toutes ces questions, communes à toutes et tous, posées (ou pas), mais qui résonnent. Vous les posez et vous décidez. Un rythme. Les réponses nous permettent d’avancer. Merci pour ce texte Isabelle.
Je n’ai lu aucun texte avant de publier le mien ce jour, et heureusement… heureuse de voir les mêmes mots ( bulle, parois, etc) servant une autre manière de se sentir vivante. merci!!
Ce je décide me touche beaucoup. Merci Isabelle d’ouvrir cette possibilité
Merci Isabelle pour ce texte. J’aime les répétitions de mots repris sous d’autres angles: « pensée, choix, surprise, prévue », ça creuse, ça retourne le propos, ça contourne, ça nous surprend et c’est ludique ! Et pourquoi pas le mot « hasard »? J’adore la question du » premier choix »! Merci beaucoup!
Heureusement que je n’ai lu aucun texte avant de publier le mien, sinon j’aurais eu peur du plagiat d’un de vos paragraphe, tant mes mots font écho aux vôtres avec une voix parallèle : après tout comme le rappelle François dans sa vidéo , nos textes s’ancrent dans « une expérience commune ». J’aime beaucoup le rythme de votre texte et la force et détermination des « je décide » qui fait face aux questionnements!
magnifique décision ! surtout après cette densité de questions ! je décide oui, c’est si beau ! merci