Hexagone de bois
29062019
Un hexagone de bois entouré d’une plaine de moquette, le faux parquet occupe le centre de la salle, il est comme une scène, c’est la scène avec les gradins de bois blanc qui le regarde où une fois l’an on vient faire les photos de classe, autour les miroirs et les barres fixes pour les danseuses, ce sont les théâtreux qui années après années ont creusé le parquet.
Les planches bataillent entre elles, elles convergent par groupe vers le centre, puis se décalent, se tordent sur elles-mêmes, bois crabe, bois fleur qui forme une rose qui ne s’ouvrira jamais.
Quatre fois par semaine, ça laisse des traces, dans la salle des artistes, les planches ont pris des coups, mordus par les pieds, l’hexagone a imprimé quelques corps, on peut reconnaître les jeunes d’après le poids de leurs pas, tout semble contenu en deux mouvements, l’angoisse, la grâce, la classe, l’état amoureux, le sol nous trahit, il y a Chloé l’oiseau, Laurie la lionne, Alexandre le guépard, le plancher transpire les traces de ces animaux adolescents, il connaît même certains secrets : gouttes de sueur, odeur d’alcool, brin de cannabis, pincée de tabac, salive, chewing-gum, sperme ; des fluides et des liquides concentrant une étrange atmosphère tropicale, la célérité des corps, des regards échangés, les souvenirs qui surnagent.
18062019
Un hexagone de bois, le plancher occupait le centre de la salle, c’était une comme scène, c’était la scène, du bois encerclé de moquette rêche et grise, c’était la scène et il y avait des gradins autour, des miroirs, des barres parallèles aux murs pour les danseuses, les planches formaient une fleur de bois, une rose qui ne s’ouvrirait jamais, le plancher a pris des coups, des pets, il est creusé de morsures, c’était la salle des artistes, les théâtreux y venaient quatre fois par semaine, le plancher se souvient de leurs pas, il a imprimé quelques corps, on peut nommer les jeunes gens d’après le poids de leurs pas car tout semble contenu en deux mouvements, l’angoisse, la grâce, la classe, l’état amoureux, il y avait Chloé l’oiseau, Laurie la lionne, Alexandre le guépard, le plancher transpire les traces de ces animaux adolescents, il connaît même certains secrets, des traces de sueurs qui trahissent des émotions, des odeurs d’alcool mal placées, un brin de cannabis ou de tabac échappé d’une poche – moquettes, travées de bois blanc, plancher, les matières s’agglomèrent et les souvenirs surnagent dans l’éther.
Un creux dans le sol comme le fond d’une poche ! Super.