Les chewing-gum écrasés font des embarras sur le bitume fondu, collant aux pieds et qu’il faut ramener sous les semelles caoutchouc amollies aussi, et dont les stries se remplissent, à mesure de la marche alanguie, de graviers collés à la mangue ou à la menthe ; dont il faudrait se débarrasser, ce qu’on pourrait faire dans ce carré d’herbe si l’on ne savait que les chiens y passent régulièrement, à tour de rôle : alors le carré d’herbe héberge les déjections canines écrasées, dans lesquelles les pieds nus auraient pu s’allonger, comme ils l’ont fait ailleurs dans l’herbe humide d’un matin d’été, devant la maison natale, cette pelouse qui enveloppait les orteils, les adoucissait, les chatouillait, c’était une pelouse pour pointure 32, où on ne pouvait pas imaginer qu’il y aurait des jours où l’atterrissage sans gêne, sans nostalgie, franc, ne serait plus possible parce que le goudron qui brille comme ça pâtiné par une pluie d’orage toute fraîche n’est pas celui de l’entrée du lycée, tassé et martelé, plein de signes d’initiation, mais pas fait pour les pieds nus, non certainement pas.