Silence

Murs nus. C’est là. L’angle de la pièce petite. On touche, on touche la main le mur où les ongles éraflent rien quelque chose de gelé des années, gelé, du temps. Mains touchent les murs nus il n’y a rien. Le froid des lattes de bois au sol le vent en dessous c’est le grenier c’est froid ils ont gelé ici, avant, toi, t’as gelé… Il sont où il jouent où – tu les cherche – tu les cherches avec tes mains, ils font rien regarde il y a rien que tu puisses toucher seulement le gel les murs nus et regarde aussi ta buée tu peux toucher ta buée c’est drôle. Ris. (On rit haut. Silence. On dit.)

Tiens, c’est là encore les vitres closes d’une seule fenêtre en haut de tout, close. Oui tu la vois oui tu la touches il n’y a rien à toucher. Stop. On ne touche plus. Tu te souviens ils sont là tu as reconnu la fenêtre, tu as ? Ils touchent le carreau gris ils regardent en bas la rue, la ville, pourrie. Corps gelés. On attend. Rien. Rien. C’est tout.

3 commentaires à propos de “Silence”

  1. « Si seulement ici était fait pour moi… Ma place n’est point en ce temps. »
    Le désespoir de Lily trouva enfin des mots. Elle ne voulait pas être là, mais plutôt là-bas, là où les fenêtres laissaient à voir un monde plus clair et que si quelqu’un avait l’audace de les ouvrir, un délicieux air frais couplé à du myosotis pouvait l’envahir. Là où fleurissaient les plus belles et les plus rares compositions. Là où régnait le silence d’un havre de paix.

  2. Mais ce silence n’a que trop duré. Alors, je le brise, je crie, je hurle à plein poumon pour remplir ces quatre murs muets. Puis j’en ai marre de ce blanc. Il m’empêche de voir, il m’empêche de croire. Et je jette sur lui des seaux de peintures. Du bleu, du jaune, du rouge, du violet, du orange. Les couleurs se mélangent, se mêlent, création infinie de nouvelles teintes. Cette pièce, c’est fini. Cette pièce, je la quitte. Je suis libre. Ouais, tu es libre.

  3. Si longtemps j’avais rêvé d’une telle pièce, d’un tel lieu. J’avais apporté un tabouret. Je m’asseyais. Je m’asseyais parfois longtemps. Quelquefois rien. Est-ce que c’était si grave ? Je repartais, fermais à clé. D’autres fois, cependant, oui : une idée qui vient. Quelques mots, qui venaient. La tâche était accomplie. J’avais rêvé, j’avais écrit ? Je tenais ces quelques mots, que j’emportais.