Je me vois dans le noir je ne vois que moi je vois mes habits ma peau J’entends mes pas le bruit du gravier sous mes pieds Je sens l’air qui m’entoure la brise qui me touche Les cieux sont à moi pour moi Je suis un centre qui ne se déplace pas Prison fermeture pensée à l’étroit autour de moi Ce mot moi qui prend la place Ce moi lié aux éléments à peine effleurés Une grenouille en bordure de route Une vie qui palpite autour que j’effleure qui me recentre sur mon corps organique Blancheur de la lumière Un homme seul sous la lune Moi et c’est tout C’est une expérience un moment vécu et revécu le socle de ce que je suis personnellement Un corps seul qui bouge qui parle dans sa tête qui cherche du sens dans le vide de la solitude Les herbes dansent J’écoute la musique de l’herbe du vent des rares voitures au loin des grillons parfois d’une chouette dirait on Je perçois l’immobilité d’un tronc d’arbre sa présence qui dit corporellement quelque chose Il a une présence que l’herbe n’a pas Les murs de pierre apparente que je longe me renvoient un spectacle fascinant et qui me perd Un lézard passant m’y réveillerait La lune je la regarde mais c’est un vide blanc affreux présent qui regarde de son œil blanc sans pupille Je suis en retard je prolonge la marche par un détour Je suis dans mes os mes pieds ma langue mon être perdu La lumière au loin fixe me semble une sorte de clignotement éblouissant presqu’irréel j’y vois des ombres irréelles aussi qui se déplacent puis des voix et la présence vulgaire des êtres humains qui parlent et rigolent sans considération pour moi étrangers à mon centre qui maintenant se déplace entre ces humains et mon corps Le ciel disparait les humains leurs yeux leurs voix leurs rires leurs mots absorbent tout l’espace J’entre au cœur de la lumière de la maison Je suis différent ou autre avec un faible écho du trajet que je viens de parcourir comme relégué dans le noir en moi vivace mais caché maintenant.
« Je suis dans mes os mes pieds ma langue mon être perdu »
Merci pour ce retour de nuit et cette très belle phrase.
Merci de l’avoir relevé!