Outil principalement agraire, la serpette n’est pas une faucille : elle n’a de courbe que sa pointe. D’où des métaphores différentes. Ainsi l’expression ironique uniquement attachée à l’une : droite comme une faucille ». Alors que la serpe figure une manière d’être taillé, plutôt rude, même grossière : « coupé à la serpe », pour un visage, mal bâti pour un corps, mal tourné, pour un texte ! Quel bonheur, le Littré. Cependant la faux, dans l’imaginaire occidental, est l’instrument de la Mort : elle enlève la vie comme elle sectionne les blés, par le bas. Elle coupe à la source et rien ne peut repartir. Quand la serpette, dans la chanson paillarde à jeux phonétiques, est l’instrument de l’amour, symbole de la vitalité du sexe : « Buvons un coup, dit la chanson, ma serpette est partie, mais le manche est revenu ». Que dire de ce nom commun -connu pour combien de temps encore en France ?- devenu propre, comme beaucoup de noms d’objets, sinon qu’il est souvent perçu, entendu, transformé, en « serre-tête » ? La peur de prononcer un son qui ferait penser au pet horriblement corporel, et donc risible par le son et l’odeur signifiés, et l’irrespect auquel cela conduirait le vis-à-vis ayant mal/bien compris, fait que ce mot n’existera plus en tant que tel, on lui substituera le plus recevable « serre-tête » qui ne fera peut-être pas long feu à son tour.