Sentier

Sous le pont. L’herbe cesse, c’est la terre nue. Détrempée en hiver, toujours humide l’été. L’été la fraicheur de l’ombre, l’hiver l’humidité pénétrante. L’eau verte, qui roule doucement. Sauf après les jours et les nuits de pluie, dont elle revient bourbeuse et chargée.

Le chemin, l’ancien chemin de halage, sûrement. Aujourd’hui seulement les promeneurs, les joggeurs, les chiens. L’hiver rien. Les arbres de nouveau dépouillés, sur le chemin. Encore des feuilles rousses, et bientôt plus. Les branches nues.

La bifurcation où sont entreposés les vieux troncs. Ceux que les champignons ont mangé en grandissant étagés, toute une ville. Ceux où on vient s’installer, discuter et regarder, ceux qui sont fraichement coupés, ceux que le lierre a changé.

L’autre pont, très long, en béton. Et la fine terre grise, douce comme un sable étranger. Celle qui semble bouger aux vibrations du tramway. On voit le ciel de dessous au travers des travées. Quand on ressort, en pente douce, on remonte sur le tablier ; se retourner, et regarder, c’est l’hôpital. On s’en revient, on tente d’oublier que la ville n’a pas cessé de dominer. Que le sentier n’est pas très loin des longues rues chargées. Celles qui tournent autour du centre.