cet hôtel en Espagne, enfant, extirpé du sommeil par les cris éclairés devant moi, je devine des corps. Un s’affaisse, perdant l’équilibre plusieurs fois, percutant les murs. Râles sourds, voix blanche de détresse. Je ferme les yeux sur cette image insaisissable, repoussant dans le sommeil ma détresse insoupçonnable.
la chambre trop froide, le papier peint mal vieilli, éteint, une moquette usée dans le noir, une main invisible plonge au fond de ma poitrine, en plein milieu du dos et presse, ferme son poing… la douleur hurle.
une voix me chuchote d’une caresse de velour rouge, mes bras le long des accoudoirs, mes mains cherchant à remettre tout mon corps assis, les lumières sculptant l’immense salle qui m’a donné le confort à plonger dans mes rêves de films.
La première nuit du retour après plusieurs mois d’absence dans ma chambre. L’urgence de fixer tout en mémoire assis en tailleur sur le lit. S’en vouloir d’avoir beaucoup oublié, des dimensions, de la place du bureau, de celle de la commode, la fenêtre trop petite.
Savoir que le petit lit en chêne était là, entre les deux armoires. Rechercher l’image fantôme, douter de son existence. Se revoir dedans, l’imaginer. Sentir fléchir mon corps se hisser avec force. Dans les doigts le bois lisse, sensation primitive dans mes mains minuscules.
Lui, il, désigné à la troisième personne, allongé dans un lit superposé en attendant. Se rassurer. L’infirmière. Le siège immense. Le phare puissant dans ma bouche grande ouverte. La terreur. L’abandon. Personne pour tenir ma main, personne au réveil. La douleur sourd au fond de la gorge.
glisser et se faire happer entre les draps de bure humides, transi par le froid, immobile. Et attendre la chaleur sous le poids, tout le poids du millefeuille, entrelacs de couvertures, de l’édredon immense, et celui plus discret, dessous, sur le matelas, comme un nid.
sur le visage elle a disparu, la crème sur la brûlure épaisse, les rayons du soleil cuisants au réveil à cet endroit fragile. Dormir toute la nuit sur le dos sans bouger, dans l’alcôve de l’atelier.
Piquez du nez sur le volant, la station service sur l’aire de l’autoroute A9, l’excitation et la fatigue. Avoir eu très peur à 130 km/h.
oncles, tantes, autour la famille, la petite maison sur l’île, s’endormir-là sur le canapé marron en velours côtelé, des couvertures sur moi, peut-être un sac de couchage, des voix, peut-être une ou deux guitares…
J’aime bien le « millefeuille » ;
mais pas que …
Merci Béatrice!
Cumul de sensations que j’ai éprouvées, chacune l’une après l’autre…
j’ai aimé cette succession de culbutes, de tentatives de saisir, d’endormissements, de peurs, de musiques en sourdine
merci Michael…
Merci, ça fait très plaisir!
Étonnant nos commentaires qui se rejoignent, aussi… Et vraiment sans faire exprès!
commence rude, continue …. et puis il y a des sourires, oui un mille feuilles
Brigitte encore, elle a tout dit… ça commence rude et cela s’adoucit. Elle parle de millefeuille et reprend le mot de Béatrice, qui me parle aussi dans vos textes aux couvertures bien présentes et édredon.
cueillette d’instantanés : chaque passage est complet !