Terreur d’enfance. Au dessus du lit, un rai de lumière éclaire un chromo. Le Sacré-Cœur, une plaie, des flots de sang, des épines, des jets de flammes. Fascination.
Sous la moustiquaire bleue, tourner virer dans le lit. La clim ronfle, hoquette. Au plafond un gecko chuinte. Au dehors, la pluie crépite, les crapauds-buffles mugissent. Dormir.
Odeur de son corps dans les draps froissés, sur ma peau. Odeur de café et de pain grillé. Odeur sucrée des figuiers du jardin. Parfums d’été.
L’appel à la prière, puissant, souverain, troue le silence de l’aube, m’enveloppe. Moment de temps suspendu.
Je trébuche, je tombe. Le choc me réveille. Mon cœur bat la chamade. Faire surface, retrouver ma juste place, mon équilibre.
Le feu de camp doucement s’éteint. Le sable déjà se refroidit. Je me blottis dans mon duvet. L’instant est magique, irréel. Je fais partie d’un tout. Je suis plénitude.
Lit déserté, désaffecté. Sensation de froid dans tout mon corps. Me recroqueviller sous la couette, ne pas bouger. Oublier.
Fenêtres grandes ouvertes sur le jour qui vient. Envahissant la chambre le vacarme des vagues. Ton silence, ton souffle, ta force tranquille. À perte de vue le ciel, l’océan.
Une main sur mon front. Une silhouette qui se penche. Une chambre sévère, des tubes, des potences, des appareils sifflant. Un lit d’hôpital, banal. Attente.
Un édredon de satin rouge. Ma grand-mère, comme une caille chaude, moi tout contre elle, mes pieds glacés entre ses cuisses. Sa voix tendre – je l’entends encore -, elle chuchote : dors, ma petite merveille.
Beau et touchant.
merci, Catherine. j’ai voulu pour ce premier écrit une grande simplicité. à bientôt te lire.
Des instants comme pris sur le vif. J’ai aimé ces miroitements