Pour Claire
Schizophrène. Folie. Psychose. Psychiatrie. Psychotique. Psy-choses. Hôpital psychiatrique, schizophrène dedans. Dedans la tête, schizo. Coupée en deux, la tête. Schizophrènes dedans, hôpitaux psychiatriques, pas dehors. Enfermés. Service fermé. Renfermement. Grand renfermement. Dedans, dedans. Verrous, fermeture électronique, fermeture digitale. Fenêtre dans la porte pour voir dedans. Visites de temps en temps. Mais pas sortir. Danger. Schizophrènes dangers. Schizophrène méchant. A tué. Peut tuer. Schizophrènes à la télé. Schizophrène évadé, pas enfermé. Danger. Schizophrène peut tuer. Schizophrène se tait. Psychiatrie. Antipsychiatrie. Anti-Œdipe, basta mon-père-ma-mère, basta mon chat-mon chien. Schizophrène parlant. La langue déliée. Délire. La langue délire. Schizophrène aimé. Le schizo et les langues. Schizo Deleuze & Schizo Guattari. Schizos, La Borde. Schizophrènes chantants. Nicolas Philibert / Film / La Moindre des choses / J’ai perdu mon Eurydice. Schizophrène poète. Schizophrène Hölderlin. Coupé en deux. Moitié de la vie. (Hälfte des lebens) Schi… Silence. Schizophrène n’écrit pas ou très peu. Schizophrène éclats. Sans obus. La tête en morceaux. Schizophrène. Dedans. Dans la chambre de Zimmer. Dans la tour d’Ernst Zimmer. Ernst Zimmer, menuisier. Dans la Zimmer, dans la chambre à Zimmer. Dans la chambre d’hôpital. Schizo n’écrit pas. Schizo crie. CRIE. CRI. Peur. Schizophrène, silence ! Peur de schizophrène et même de schizo. Schizo ou parano ? Schizophrène rigolo dans le parler réglo. « T’es parano ! T’es pas un peu schizo ? » Schizophrène le mot, coupé en deux. Schizo c’est rigolo. SCHIZOPHRÈNE en vrai, en entier, schizophrène danger. Protéger. Se protéger. Enfermé. Le protéger. Schizophrène curatelle, schizophrène tutelle. Pas le droit de voter. Schizophrène soigné. Schizophrène psychotique. Médicaments. Antipsychotiques. Schizophrène bien mangé tous les médicaments. Bien mangé par les médicaments. Enfermé. Déformé. Corps enflé. Enfermé dans son corps. Sandrine Bonnaire. Schizophrène, sa sœur. Sandrine Bonnaire/ film/ Elle s’appelle Sabine. Mais non,c’était autiste. Autiste ?Schizophrène ? Diagnostic. Schizophrène de naissance. Schizophrène Maman. Schizophrène Papa. Gène. Génétique. Schizophrène famille. Famille, je vous hais. Famille te le rend bien. Schizophrène de famille, quasi comme une maison. Schizophrène et famille. Contagion ? Génétique ? Dérangé de cerveau. C’est vraiment dérangeant. Schizophrène, chimie. Ou peut-être injections. Voire électrique. Électroconvulsivothérapie. Hôpital. Dedans. Schizophrène dehors de la famille. Bon débarras. Le grand rangement. Pas ça. Non, pas dans la famille. Schizophrène, ses enfants. Schizophrène diagnostic. Tombé le diagnostic. Couperet. Tête coupée. Depuis longtemps. Depuis quand ? Schizophrène écrit dans le dossier. Schizophrène, mot écrit mais pas dit. Protéger. Se protéger. Le protéger. La protéger. Les protéger. Nous protéger. Qui protège qui ? Et pour qui le danger ? Tout le monde protégé. Schizophrène peut tuer. Schizophrène, peu tu es. Dedans, dedans jusqu’à la fin. Hôpital psychiatrique. Gériatrie psychiatrique.
du lourd, mais quand l’écriture nous engage y a pas de triche, pour nous lecteur non plus, indépendamment du retour bio donné à la fin, et son retrouve tout penaud avec ça dans les mains
Merci François, oui lourd, et je savais pas si j’avais assez fatigué le mot mais moi très fatiguée. La parenthèse finale, c’est aussi une question au(x) lecteur(s) : est-ce que je dois la garder dans le texte, elle le fait virer au pathos ou bien la garder pour moi (évidemment, pour moi, elle en fait partie.) ?
ta répétition peut tuer, je l’entends « peu tu es ». C’est ça qui m’a fait lourd sur le coeur. Merci !
Merci Isabelle. Merci pour ton écho « peu tu es » qui viendra peut-être se loger dans mon texte demain, si tu veux bien. Je laisse la nuit reposer et la tête et le texte.
Serré le texte. Compact. J’aime.
Merci Louise.
Schizophrénie: Le mot infâme de l’enfermement, de celui qui grille un être parce qu’on ne l’appelle presque plus jamais autrement que par le nom de sa maladie. Merci pour ce texte hanté, bardé de références. Difficile de te dire avec de pauvres mots si tu as ou non à garder le passage sur ta sœur Claire, mais, puisque tu nous interpelles comme lecteur/trice. Il me semble qu’il fait partie d’un autre registre de langue, d’une intimité qui t’appartient, et que tu ne nous as pas donnée d’emblée à voir. Nous avons voyagé grâce à ton texte à travers la folie avec tous les schizophrènes et leurs familles, ça résonne en nous d’une certaine manière, et nous voilà avec un être qui t’es cher. Peut-être pourrais-tu choisir une dédicace sans parenthèses pour garder la tonalité et la cohérence du reste et la mettre en bonne place?
A toi de voir si cela est nécessaire.
A te relire sur d’autres textes, en tout cas.
Merci Claire. Oui, je pense que je vais garder pour moi la parenthèse et l’enlever. Merci pour l’idée de la dédicace, faire figurer son prénom en tête, avant « le mot infâme » comme tu l’écris.
Un texte qui secoue, résonne et ne s’oublie pas…
Merci Solange.
Ce texte lie ce qui a été délié dans le délire, refait le lien par les mots, relis le délire à l’être par la parole. ça serait bête de se laissé gêner par des gênes. Merci.
Merci, Océane, suis d’accord, « là où y’a des gènes, y’a pas d’plaisir ».
C’est comme un écho intérieur puissant. j’ai ressenti un enfermement sonore très angoissant mais étonnamment libérateur…Un cri sourd…Une vraie réussite !!!
Merci, Emmanuel, pour votre écho, je suis contente que cette libération se produise aussi pour le lecteur
On ne sait pas bien quoi écrire après ton texte. Merci pour l’éclairage de fin, peut-être à ne pas garder, mais qui, entre nous, a de l’importance. Pour avoir frôlé des épisodes psychotiques chez des proches et beaucoup lu à ce sujet, je ne déteste rien tant que qui parle de maladie mentale sans en avoir l’expérience même indirecte et forcément externe.
Merci, Danièle, pour ton retour qui m’éclaire : oui, je ne garderai pas la parenthèse ds la version publique, et oui, la seule raison de la donner était de rendre présent mon point de départ qui est aussi mon point d’arrivée.
… Et! J’ai oublié: En souvenir de mon père, qui était peintre, publié ici. En partage.
https://www.tierslivre.net/ateliers/ca-zieute/
Bonjour Agathe,
Beaucoup a été dit déjà, comme les amies je ne crois pas nécessaire l’élément biographique car le texte est criant d’expérience, on n’écrit pas ça à partir de rien, et on vous suit, sans peine, et avec la peine de tous ceux et celles qui vivent avec,
Au niveau texte j’aime les tentatives d’échappée par les accumulations depuis le mot schizophrène vers un « thème » même dur : chambre, médicament, langage, etc… et le mot schizophrène qui ramène au centre, dans la spirale,
Catherine Serre
Bonjour Catherine,
merci pour le retour, je m’en vais de ce pas faire la modif. En incluant la dédicace (suggérée par Claire Z. et peut-être loger le « tu es peu » entendu par Isabelle Merlet.)
Merci ami.e.s d’écriture
Rêver d’écrire comme on chante. Schizophrène crie et chante à tue tête
Oh oui, merci Nathalie. Je continue votre marabout : chanter permet à tête tuée de revivre ; pour écrire, suis mon sûre, parce que contient crier dans ses lettres.