Je ne peux pas la tordre, je ne peux pas la suspendre, je ne peux pas l’écraser ni la réduire en cendres, je ne peux pas l’affaiblir, la secouer, l’obliger, je ne peux pas l’interrompre, elle glisse entre mes doigts et morte, elle bouge encore, les eaux-mortes sont vivantes, je ne peux pas la combler, je ne peux pas l’ignorer, je ne peux pas l’inonder, elle coule en toi qui respire et qui chante, je ne sais pas la couleur de cette eau du dedans, une eau couleur de feu qui s’écoule en cadence.
Je ne peux pas écrire ce que ça fait de lire toute cette impossibilité. Ce que ça fait au corps de vous lire, il faudrait pouvoir le décrire. Douce fluidité. Merci.
Bonsoir Anne, merci pour ce commentaire. Ce n’est pas dans mon habitude d’écrire en négatif. Pour une fois ! J’espère que « ce que ça fait au corps » est aussi limpide qu’une eau claire !
Très frappée par ce texte qui me séduit.
Une description en creux pleine de rythme et de mystère, j’aime beaucoup… et quand le mystère s’éclaire ces « eaux mortes » qui ne le sont pas, comme ces langues dites mortes, si vivantes encore pour peu qu’on les entende, juste qu’elles sont anciennes – comme ces eaux qui coulent en nous, cette évocation d’eaux mortes aussi me plaît bien…