Un affleurement est comme une caresse. Ce cercle à peine tracé sur le sol et dont on dit qu’il ouvre vers les mondes chtoniens, quelle peine à croire ce qu’il est, une tombe ou l’abîme des eaux immémoriales. Un temple, un ailleurs. Un temple d’eau, l’eau qui est ce lien du dessous-vers le dessus, des âmes confinées à l’obscurité vers les âmes qui ne savent que faire de la lumière. Deviner dans ce rectangle net sur le quart droit du cercle sans mémoire, des marches vers l’enfer. Qu’en sait-on ? Cercle de vie que l’on retrouve dans l’interstice d’une ville oublieuse. Plonger. Plonger dans l’antre du monde. Laisser la lumière aveuglante et le soleil déjà trop haut. Les pas glissent silencieux vers l’obscurité civilisée d’une salle de conférence au creux d’une paroi à pic sur la gravine. Plonger. Pas sans bruit posé sur une plaque de verre. Là-dessous, encore et encore, des étages creusés sans fin dans cette caverne urbaine, l’antre dont on tirait les pierres pour bâtir une ville qui n’offrait que façades et s’enfonçait toujours plus dans la roche tendre, accueillante, maternelle, infiniment bienveillante. Se sentir comme suspendu dans les airs. Tout d’un coup. Un escalier étroit. Plonger plus encore, s’écorcher aux aspérités. Un passage étroit. Est-ce un lieu où déposer nos morts ? Est-ce un lieu où réparer la vie ? Imaginer avec peine l’obscurité, la flamme vacillante des temps anciens. Ce lieu faisait-il peur ? Doutes. La terre creusée comme un ventre. La ville naitra sur le corps des hommes, sur ces murs imaginaires que la ville ne suit plus et qui pourtant, pourtant, sont les veines cachées du flux de nos rues, de l’élan des murailles, du réconfort de la large façade ornée d’un portail monumental où s’ouvre une cour, puis un escalier monumental. La ville garde ses racines en silence, dans le silence et dans l’ombre. La ville écoute encore les murmures des ombres millénaires, gardiens bienveillants sur sa folie. Poussent des profondeurs ces longs murs escaliers et toits, roche de roche, dont les ouvertures sont les regards de l’humanité sur l’annonce d’orage ou le temps de l’été. Murs immuables qui offrent à la ville son silence. Aucune longue avenue à parcourir. Seuls des toits, des angles de rue, des porches où s’arrêter, se poser comme oiseaux sur ce monde minéral. Descendre. Descendre encore vers le torrent. Aller par la large route trop blanche, aveuglante. Être sur le fil du monde, fils du ciel, homme de terre, avec ces mains qui creusent encore la roche, façonnent des pièces accueillantes et fraîches, des îlots de silence dans un univers muet de lumière. Poser ses pas, légers, sur ce dos impassible. Fermer les yeux devant la cécité du jour. Se poser comme oiseaux sur ce vide sidéral.
je lis, j’aime, je me dis refaire ton bidule (les 3 plus deux à venir)
y revenir… ça a du Bon 😉
mais oui, on plonge, on descend, on va et on découvre les profondeurs de la ville, on est « comme oiseaux sur ce monde minéral »…
On suit son idée, qui aussi est celle de l’autre, ou pas, mais quand même… j’aime bien ce côté « ah ! toi aussi tu a dis quelque chose qui n’est pas dans la consigne, mais comme moi tu suis ton idée et puis on fait un truc qui a du sens
Ah oui, je confirme, j’ai plongé dans ces instantanés de villes qui parlent depuis l’éternité semble-t-il.
racines… profondeurs chtoniennes.
Nous explorons tous