C’est le soir et le salon. Lumière tendue comme un dais sur la nudité de la pièce traversée. Vers les fenêtres, d’où l’on voit, elle le sait, le désert. Pas encore quitté la ville, pas encore, et un mois déjà. La fenêtre est l’oeil, l’oeil de ce nouveau salon, dans le Sahara. Oasis dans la poussière du sable qui s’infiltre partout en micro particules ocre que l’on a sous les pieds. Sous les pieds nus, ou bien aux semelles, non photographiées, mais qui parleraient tant, qu’il faut le dire alors, qu’elles sont dans la photo. Si elle devait signifier ce soir ce qui est important, véritablement, dans cette photo, elle dirait que ce sont les pieds de cette femme, soulevée vers cette fenêtre, oeil sur la rue, focale à moyen terme qu’elle gère à son gré de son salon. Elle devrait dire également qu’elle n’a pas trouvé d’autre moyen, à cette heure de la soirée, pour en rendre compte, de l’importance des semelles de cette femme, qui arpente le jour un nouveau recoin du monde, dans le sable, qui s’infiltre partout, qui est sous la photo.