Depuis la petite fleur poussée là entre les deux marbres, rose assez prononcé, avec des feuilles qui ressemblent en plus petit à celles du lilas, oui, c’est cela, un lilas miniature qui défierait l’espace et les convenances aussi, une mauvaise herbe qui grandit à cet endroit précis, entre leurs tombes, entre leurs corps couchés contre le long mur de briques, la brique ici aussi, la brique comme mon ciment d’écriture, mur jusque dans l’enceinte du cimetière maintenant qu’il avait été élargi, le vieux cimetière ou le nouveau, il fallait poser la question, le lundi c’est jour de fermeture, c’est écrit en grand sur le panneau blanc à l’entrée, les morts aussi ont leur jour pour être visités et un par semaine pour se reposer, la grille blanche entre les murs de briques était ouverte, il n’avait pas fallu la pousser, l’allée même pas dallée et toute humide, le corps se souvenant de la montée et depuis le 89 le corbillard c’est à pieds qu’on l’avait suivi, les routes toujours défoncée, un peu moins peut-être, et au croisement à cinq branches où rarement plusieurs voitures en même temps et quand cela arrivait c’était surprenant, si large qu’on ne savait pas vraiment où passer, où positionner le véhicule, puis passer devant le 89 et dans la même rue le 112 et au croisement le calvaire qui avait été repeint en blanc et c’était mieux que vert comme il l’avait été et en passant le calvaire si on tournait à gauche c’est le tour du château d’eau que l’on pouvait refaire, je ne sais pourquoi c’est avec mon corps de femme enceinte que je me sentais le parcourir, un ventre qui contraint au mouvement tout en l’empêchant, un ventre qui vous autorise une place de choix dans la famille, était-ce le ventre de ma fille qui autorisait ce retour en arrière, ce ventre qui avait donné son fruit, obligeait à venir ici asseoir une lignée, quand à 100 km d’ici il y avait d’autres cimetières avec d’autres morts à visiter, prendre de leurs nouvelles, demander autorisation pour donner à lire ce qui s’était écrit malgré eux ou avec eux. Une histoire qui portait fiction autant que vérité.
Une expansion de cimetières, belle idée.
Merci de ton passage, Jean-Luc. On trouve ce qu’on peut. Parfois hors des clous…
Belle phrase unique en expansion !
Merci pour ce beau texte.
Bonjour Anne,
finalement matinale et au rendez vous, (sourire) tant mieux car on te suit dans l’expansion nostalgique du temps depuis une petite fleur, jusqu’à la vérité, j’aime bien les tout petits détails que réveillent les grandes questions,
Pleine de doutes quant à ma capacité à suivre ce rythme, Catherine. Merci de tes encouragements avec ces commentaires.
oui les cimetières s’ouvrent sur l’immense eux aussi… Bonjour Anne, contente d été retrouver…
Moi aussi, merci, Catherine. Vais te lire.
une sorte d’alpha et d’omega. Puissant.
Merci de ton passage, Danièle.
A mon tour de vous lire.
J’aime l’endroit choisi. Je connais un conservateur de cimetierre qui me parle de l’amour qu’il met à veiller sur son jardin en pensant à ceux qui viendront le visiter pour rendre hommage à leurs morts.
Lui aussi chérit les petites fleurs qui poussent dans les allées et se bat contre les herbes folles qui envahissent l’espace d’une tombe abandonnée par les visiteurs.
Je lui ferai lire votre beau texte.
Hommage à cet homme aussi alors. Merci pour votre beau et long commentaire, Sandrine. Merci de votre passage.