1 Isoler le sable, impossible…
Poudre (comme la poudreuse en chaud, tiède, frais ?)
Petites particules provenant de la désagrégation de minéraux et organismes (roches et coquilles…) Pas de sable sans érosion… pourriture propre ? Sa couleur dépend des roches érodées
Ses paillettes de mica
Blond, blanc, gris, or, rose, même noir… il dépend de la roche dont il est issu comme Eve soi-disant d’Adam…
Fin, très fin, presque fluide ou grossier, râpeux…
Dur, mou, mouillé ou sec. On dit qu’on pédale dedans, qu’on s’ensable, qu’on en a dans les yeux ?
Les écrits dans le sable ne sont pas gravés dans le marbre
Construire sur du…
Sablé, gâteau plein de beurre salé, devient poudre en bouche. Pâte sablée devient poudre en main
Sablier hypnotique
Sabler ou sabrer le champagne, éternel débat de fins de soirée
Transformation du sable : verre aussi limpide que lui trouble, chaux et ciment ?
Terre grasse ou sableuse ou pierreuse… certaines plantes en demandent (cactus et succulentes) il draine.
Il s’écoule, c’est du solide qui s’écoule… au delà de 30° de pente, inéluctablement, il s’écoule
Les grains peuvent être sphériques (sable éolien) ou ovoïde (sable fluvial), diaphanes (sable éolien) ou luisant (sable fluvial)
Tempête de…
Dunes de…
Peuplé de talitres, puces de mer, laisse les vers à la terre…
Il est abrasif, on s’en sert pour décaper le bois et délaver les jeans…
2 je le prends dans les mains il s’écoule, presque comme un liquide s’il est très fin. Si je me roule dedans il adhère à la peau, je ne peux pas le compter, il y a des histoires là-dessus : mon amour grand comme le nombre des grains de sable…
Je ne peux pas le contenir… le sable s’échappe, toujours… il est volatil, fuyant, sournois.
Ici, plein de paillettes qui luisent au soleil
On dit le sable et on voit la plage, les algues, les méduses les coquillages les pelles et râteaux de plastique des enfants, les pâtés, les châteaux, les transats les cabines de plage …
D’autres verraient les chameaux, les Touaregs, les oasis, le thé à la menthe versé de haut,
Le vent y laisse ses empreintes, d’où son aspect houleux, les pieds aussi lyaissent des empreintes. Autrefois, on y ramassait des morceaux de verre colorés émoussés par le sable, on les préférait aux coquillages, les verts (bouteille) étaient les plus courants, en trouver un bleu, un rouge, ou un jaune était merveilleux. Maintenant, on y trouve des bouts de plastique …
Prendre une empreinte d’étoile dans le sable…
3 ici, il est si fin, d’une douceur de crème, on s’y enfonce comme dans une crème soyeuse, c’est si doux que c’en est paniquant
sur une autre plage, il est grossier, il abrase la plante des pieds quand on y marche, c’est presque désagréable ce contact minéral, mais rassurant comme un sol plus solide, plus soutenant, moins absorbant.
4 et les petits pieds d’enfants amis du sable trottinent légers encore peu sûrs de la solidité du sol, vite vite, genoux montés très hauts, aussi maladroits que souples, en rupture d’équilibre constant et c’est comme si se tendait entre la plante de leurs petits pieds et le sable un tissu d’air élastique pour les rassurer, leur apprendre que le sable les accueille et leurs jambes tricotent vite vite pour aller jeter une pierre dans l’eau dont le bruit d’engloutissement les ravit, comme s’ils donnaient à manger à la mer gloutonne. Le sable comme la pâte abaissée de la tarte où le soleil allume de minuscules éclats près de l’eau luminescente, agitée d’innombrables éblouissements alors qu’elle étire sur la plage un voile luisant à bords festonnés où éclatent des bulles d’écume. Les petits derrières des enfants soulevés pour le ramasser en apprécier l’écoulement entre leurs doigts écarquillés les quelques grains restés collés à leurs paumes qui viendront peut-être piquer leurs yeux quand ils les auront oubliés et qu’ils les laveront de leurs pleurs. Plus haut, le sable souple, blanc pailleté, tiède et entouré de rochers charbonneux dont le sable comble tous les replis et les creux comme l’impôt du sel. Des gros rochers dont le groupe de tête va tremper ses grosses pattes d’éléphant dans l’océan.
Je n’avais pas pensé au sable mouvant qui vous ventouse à marée basse… Aspirés par le sable, des histoires racontés à l’enfant, l’effroi que ça provoquait. A l’inverse, ce jeu délicieux de se faire enterrer tout entier, excepté la tête, dans le sable, comme enlisé dans une poudre fraiche. On en ressort couvert de sable blanc sur peau dorée.
Le sable de l’estran, humide, compact comme une pâte à tarte abaissée. Les paysages lunaires des grandes marées… d’innombrables étangs rougis par le couchant, cernes noires des dépôts d’algues et des rochers…
5 Le sable est-il un objet ou un ensemble d’objets: grains unis par le vide ? Quand le vide est remplacé par l’eau, il change de consistance mais pas de nature… devient sable meuble propice aux déclarations d’amour à lire du ciel, aux châteaux magnifiques hautes tour, créneaux et douves d’eau de mer ramenée au seau…
La merveilleuse chanson de Brassens, (guerre d’enfant, guerre d’adulte) :
Je chante la petite guerre
Des braves enfants de naguère
Qui sur la plage ont bataillé
Pour sauver un château de sable
Et ses remparts infranchissables
Qu’une vague allait balayer
Oubli majeur : Omaha Beach, Utah Beach… de minuscules fragments d’obus mêlé au sable, dont l’explosion a vitrifié des grains de sable… Les plages de Normandie comme un étal monument aux morts. Les bunkers, autre fascination d’enfant, enfoncés dans le sable on aurait voulu y camper, et aujourd’hui me font frissonner. Vu autrefois un docu sur un allumé qui s’était fait une maison dans un bunker, un intérieur tout carrelé de blanc comme un laboratoire, sinistre… Il a fait des émules:
Situé entre Arromanches et Courseulles-sur-Mer, un blockhaus datant de la Seconde Guerre mondiale a été réhabilité en habitationde 75m². Ce logement comprend une pièce à vivre avec cuisine aménagée et équipée, une salle d’eau et wc indépendant. Le séjour privilégie d’une exposition traversante grâce à une baie et son ouverture vitrée, ce qui est plutôt incongru pour un blockhaus ! En revanche, il n’y a pas de véritable chambre. A l’extérieur une terrasse de 110m² a été aménagée avec une vue panoramique sur la mer et le port d’Arromanches, le tout sur un terrain de 450m².
Son propriétaire actuel, un Caennais qui s’en servait comme résidence secondaire, souhaite vendre ce blockhaus pour la somme de 214 000 €. Si vous êtes intéressés par cette offre insolite vous pouvez consulter
N’est-ce pas du sable qu’on met dans les bâtons de pluie ??? L’écoulement du sable pour définir la cuisson de l’œuf coque ou le temps de parole…
Le sable est trop vaste, sable jeu d’enfant, sable paysage, sable sensation, sable souvenir, sable du débarquement… SSSSSSSable est le bruit qu’il fait se déversant dans ma tête… pour finir l’exercice, j’ai ramené un petit peu du sable infiniment sensuel de la Baule, je le mets dans un petit bocal pour voir comment il se comporte loin de sa mer, il semble éteint, plus de paillettes allumées, lui manque le soleil complice…
6 Sous les pavés, le sable… sinon, ils ne tiennent pas. Le sable fuyant fait donc tenir des choses.
7 Grains dans le vide il est sol mou, grains dans l’eau il nous aspire. Poudreuse pluie pailletée, rétracté comme de la pâte à pizza abaissée et vernie par la mer où les orteils s’impriment. Impressionnable, il garde en mémoire rocs, coraux, pétoncles, obus, et bris de bouteilles de fêtes anciennes et efface au plus vite les pâtés et châteaux qu’on y construit, les mots d’amours qu’on y écrit comme la sinistre empreinte des chenilles des chars en 44. Il est liquide par écoulement et limpide par solidification. A Paris, il maintient les pavés, sur les plages, on n’y tient pas bien. Il est la tombe-jouet des petits on the beach of blood.
On y trouve de l’enfance, des vies adultes, des souvenirs heureux, d’autres plus douloureux, des bouts de réel, des métaphores. Beau mélange.
Et le bout de Brassens.
Bravo !
Merci Annick la fidèle !
L’infini dans chaque petit grain de sable…
le sable est infini
quoique… il paraît qu’on risque d’en manquer, même cela l’homme le consomme trop
j’aime beaucoup cette tension entre l’impersonnel et l’intime, entre le « on » et le « je » et ce texte qui s’élabore jusqu’au 7 final (mais j’aime beaucoup le 6!)