On est le dix-sept novembre deux mille vingt-quatre, il est vingt heures, un dimanche soir.
On attend la neige peut-être pour la semaine qui vient. Elle range le carrefour des tentations, sorte de petit marché de Noël qu’elle organise chaque année. Demain soir la salle servira au cours de yoga. Le gentil petit blond l’a aidée. Il est parti maintenant rappelé par ses parents.
On est le dix-sept novembre deux mille vingt-quatre, il est vingt heures. Elle vient de lire sur Facebook le poème de Refaat Alareer tué dans une frappe israélienne il y a presque un an « si je dois mourir ». Lui se demande s’il doit faire appel à une biographe pour raconter sa vie ou s’il peut se lancer tout seul. Le dimanche soir, il se sent toujours triste.
On est le dix-sept novembre deux mille vingt-quatre, il est vingt heures. Son scooter démarre mal, il se demande comment il ira demain au travail, avec le froid en plus. Il appelle son patron qui viendra le chercher en camion et prendra le vélo électrique avec. Sa mère est en voyage au Mexique, il lui raconte sur whatsapp. Elle change un peu son programme pour éviter la tempête Sara. Il pleut beaucoup, mais elle ne pense pas qu’il y ait du danger. Elle ne sera pas là pour l’anniversaire de sa sœur, dimanche prochain.
On est le dix-sept novembre deux mille vingt-quatre, il est vingt heures. Il lui demande ce qu’ils regarderont ce soir. La série danoise ? Elle est d’accord, elle veut savoir si la garde-côte trempe dans le trafic de drogues. Elle vient d’écouter un débat sur l’avenir de Georgia Melloni qui veut redonner sa dignité à l’Italie avec l’aide de Trump et de Musk. La routine des dimanches soirs
On est le dix-sept novembre deux mille vingt-quatre, il est vingt heures. Elle lira ce soir « un désir démesuré d’amitié » qu’elle est allée chercher hier chez cette petite librairie qui monte dans la ville voisine. Ils fêtaient leurs deux ans et la librairie-café était pleine. Elle et lui et les enfants venus du Québec pour les vacances ont bu des thés et des chocolats au lait en terrasse dans la nuit et le froid qui tombaient sous la lune (énorme) qui montait. On prépare déjà Noël, tous les week-ends de novembre.
On est le dix-sept novembre deux mille vingt-quatre, il est vingt heures. Elle est contente des photos qu’elle a faites hier matin. Ce groupe d’arbres, elle cherchait depuis longtemps à le saisir. Une heure à tourner autour, à s’allonger par terre, à le mitrailler sous tous les angles. Elle a peut-être trouvé comment rendre ce sentiment qu’il la fait tourner en bourrique. Écrire un texte peut-être pour le dire à côté des images. Elle se demande si elle se lancera dans les élections municipales de 2026. Le dimanche soir lui a toujours semblé propice aux nouveaux départs.
https://ujfp.org/si-je-dois-mourir-un-poeme-de-refaat-alareer
Je viens de lire votre texte avec beaucoup d’interêt et de plaisir avant de me lancer moi même dans ce nouveau cycle. Chaque fragment donne à voir des images et donne envie d’écrire aussi
merci. au plaisir de te lire.
« Saisir un groupe d’arbres », parler de ce qu’on voit , écoute, remarque et le brosser en tableau figuratif vivant, c’est bien là l’intérêt de l’écriture à la Perec Mode de Dire… Avec vous, on n’est jamais dépaysés. Plaisir de vous lire présent et à venir. Le 17 Novembre ne restera qu’une date sur un calendrier. Merci pour le poème de Refaat Alareer . https://ujfp.org/si-je-dois-mourir-un-poeme-de-refaat-alareer/
Merci Marie-Thérèse.
merci de nus les faire vivre
c’est fou ces dimanches soir… qui n’entraineront pas forcément une biographie
fascination des dimanches soir…depuis peut-être ces retours en pension qui n’ont pas duré longtemps, mais que je n’oublie pas. On ne sort pas de son enfance.
Merci pour ces quelques bulles-monde que tu nous offres à contempler!